Luc Abel, La Nef : « Un antisémitisme déguisé en avant-garde, aidé par une partie des élites et des médias, fait allégeance aux pires dictatures de la planète. »

« La doxa évoque un antisionisme qui ne serait que politique. Taguieff s’élève contre cette manière de masquer le réel et ses thèses sont convaincantes. »

 

« Ce volume prolonge et approfondit les réflexions portées par Taguieff dans La Nouvelle judéophobie (2002) et La nouvelle propagande antijuive (2010). Le penseur s’interroge sur une nouvelle forme de racisme antisémite connaissant une recrudescence, mais dont la majeure partie des médias et des intellectuels nient l’existence. La doxa évoque un antisionisme qui ne serait que politique. Taguieff s’élève contre cette manière de masquer le réel et ses thèses sont convaincantes. Que voit-il ? : « Une irrépressible montée de la judéophobie d’extrême gauche tandis que décroît la judéophobie d’extrême droite, voilà qui constitue un phénomène historiquement inédit dans le monde occidental ». Plus loin, à propos des navires dits « humanitaires » vers Gaza : « Les bons sentiments sont ainsi mis au service d’une politique de destruction, n’ayant d’autre programme que l’incitation au meurtre ». Et les thèses de Taguieff, appuyées sur nombre de faits, montrent qu’il y a de quoi s’inquiéter devant tant « d’idiots utiles » ayant retrouvé les « joies » d’une religion séculière de substitution à celles que furent le communisme et le progressisme. Car ce sont les mêmes acteurs (ainsi Badiou aujourd’hui, ou Bensaïd hier) ou bien leurs jeunes clones. Voilà donc un antisémitisme qui ne dit pas son nom, déguisé en « avant-garde », aidé par une partie des élites et des médias, qui se développe et fait allégeance aux pires dictatures de la planète, celles qui se fondent sur le fanatisme islamiste. Et cette forme de racisme est le vecteur, en France, d’une chasse aux sorcières permanente contre ceux qui ne pensent pas correctement. Qui n’est pas dans notre camp est un chien semble crier Badiou, lequel à l’instar de tous les petits Goebbels préfère user du mot « rat » quand il parle des juifs. Propagande, quand tu nous tiens. »

Luc Abel. La Nef, n°230, octobre 2011

• Pierre-André Taguieff, Israël et la question juive, 2011