Au sens élevé du terme, la politique est le seul antidote aux luttes d’ambitions à quoi sa caricature la réduit. Lire La Politique de Pierre Boutang (1916-1998), c’est comprendre que son essence est antérieure à tous les choix, qu’elle réside dans une famille et dans un père que l’on n’a pas choisi : « L’existence d’un homme dont je dépendais, écrit le philosophe, qui me donnait le nom qu’il avait reçu créait « une puissance » légitime que rien ne pouvait me faire contester. » Michaël Bar-Zvi, élève de Boutang au lycée Turgot en 1967 (il signe la postface de cette réédition), tira les leçons de la politique boutangienne en devenant philosophe de « la nation juive ». Dans le post-scriptum de son essai, Israël et la France, il confie avoir appris de son vieux maître « qu’il faut savoir regarder son origine, écouter son appartenance, sentir la valeur de l’ancien et toucher la tradition. »
Rémi Soulié, Le Figaro magazine n°21903 du 9 janvier 2015