L’Idéal du kibboutz

par Shakin Nir

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172 pages, 16 €


On ne croyait pas les hommes de progrès si doués pour la nostalgie.
L’idéal des kibboutz a permis de façonner la plus dérangeante des nouveautés, Israël, mais a été confronté à la nécessité de lutter durement sans voir la paix à l’horizon.
Bien des écrivains israéliens aujourd’hui le regardent avec mélancolie glisser en dehors de l’histoire. « Un jour d’hiver clair et radieux, un homme monte au sommet d’une falaise et se jette à la mer. » Dans le roman de Shakin Nir cette triste fin est celle d’un homme incarnant cet idéal. Les souvenirs de ceux qui l’ont connu retracent son aventure, son arrivée en Palestine en 1947, ses efforts de pionnier pour régénérer une terre inculte, son amour passionné pour une femme, la déchirure des guerres toujours recommencées, l’amertume des luttes politiques et des trahisons, l’usure.
Pourtant c’est par le refus de toute abdication et la justesse d’une mémoire incroyablement heureuse que ce roman interpelle. Pour ressaisir l’idéal délaissé, le transformer et le transmettre à la jeunesse d’un peuple, il faut la clairvoyance d’un cœur qui ne renonce pas. Car la partie va continuer sous un mode à peine modifié par l’aventure d’un siècle.
Le lien que la résistance française et le sionisme des kibboutz, à travers les épreuves de la guerre, avaient établi entre l’histoire des deux pays se sera laissé distendre. Shakin Nir le ravive par cette langue dont la force et la noblesse exaltent à la fois l’énergie nationale, la terre et la fraternité, et c’est avec cette vieille arme démodée mais qu’il sait bien servir, qu’il explore le destin suspendu de nos peuples.


« En ce jour d’hiver, Ben monte sur la falaise pour questionner : pourquoi ? Il voit la mer et le semis de ses mouettes, et les tours de lumière de la grande ville et tout ce pays que son père aima.
Et il pense : il est à moi, par droit d’héritage si je veux. De ses vallons rouges aux ombres bleues de ses montagnes et par delà jusqu’à l’azur du lac. »

L’Idéal du kibboutz

 

« Shakin Nir est un témoin important. Ce n’est pas seulement parce qu’il décrit la disparition de “l’idéal” dans une langue magnifique – la nôtre – mais parce qu’il sait et prouve que si cet idéal a sombré il devra subsister sous la forme de l’héritage à défendre… »

Olivier Véron