272 pages, 23 €
Bat Ye’or, « fille du Nil », a consacré sa vie à étudier et à comprendre la condition des Juifs et des chrétiens sous l’Islam et elle a fait connaître les mots « dhimmi », « dhimmitude » et « Eurabia ». Mais les explorations historiques ne permettent pas d’élucider les événements ni de capter leur énergie : il faut rendre compte de la vie intérieure de ceux qui provoquent ces événements ou qui les subissent et expliquer leurs relations au sein de la société. « Bien aimés les souffrants… » est la grande fresque romanesque des événements que nous n’avons pas vus, au sud et à l’est de la Méditerranée et qui nous atteignent à présent. Ils commencèrent après l’époque napoléonienne au Caire (Al-Kahira) avec Moïse et ils conduisent à l’expulsion des Juifs d’Égypte par Nasser en 1956. De la première à la deuxième guerres mondiales, Élie, petit-fils de Moïse, est entraîné dans le maelström de la révolution des mœurs en Égypte et des idées politiques nouvelles. Le sionisme et l’arabisme bouleversent les relations entre les générations et entre les communautés. Les souffrances et les conflits qui en résultent peuvent conduire à la mort et mettent à l’épreuve la tendresse des amitiés et l’héritage des liens de famille. La catastrophe du génocide arménien marque l’effondrement du monde ancien et l’entrée dans l’âge des guerres mondiales et des tueries de masse. La chute de l’empire ottoman révèle la fragilité des identités en Orient : Georges, le chrétien araméen tout d’abord solidaire des mouvements de libération dhimmi devient l’ennemi radical du sionisme quand l’horreur des massacres antichrétiens ne lui laisse d’autre choix que l’arabisme, prôné alors par toutes les grandes puissances. Kémal, le bel officier ottoman, le puissant fils de Ramadan Pacha, comprend qu’il n’est plus qu’un héritier sans famille et sans patrie né d’une esclave du harem de son père et cherche dans le panturquisme ou l’islamisme et le nazisme venu d’Europe une idéologie compensatrice. Élie s’arrachera quant à lui aux trompeuses douceurs auxquelles restent attachés les siens, mais il est peut-être trop tard. Les conflits, les décisions vitales et politiques, les exils et les retours ne sont pas l’affaire d’une seule génération et ils ne se laissent saisir qu’à l’affût de la vie secrète des peuples.
Olivier Véron
Pour qu’une civilisation de la personne et sa relation à l’histoire puissent être défendues et continuées, encore faut-il qu’elles soient connues, représentées de manière sensible et aimées.
C’est le but de la trilogie historique et romanesque dont ce livre constitue le second volet, « Bien-aimés les souffrants… »
• Voir le premier volume : Moïse, Al-Kahira, 1812-1882.
• et Le dernier khamsin des Juifs d’Égypte.
… les romans historiques de Bat Ye’or.
« Bat Ye’or est devenue au fil de ses travaux, un ennemi redoutable pour tous ceux qui veulent sciemment maintenir caché ce qu’elle révèle, et pour nombre de leurs suiveurs conformistes et crédules. Sa conception de la “dhimmitude” fondée historiquement et philosophiquement, prend par ailleurs une dimension toute actuelle dans ses développements internationaux et géopolitiques récents. (…) En étudiant la domination musulmane, Bat Ye’or répertorie les formes d’oppression communes aux Chrétiens et aux Juifs, consolidant un lien supplémentaire entre les deux religions. »
Renée Fregosi,
Causeur.