Histoire de ma vie
par Vladimir Zeev Jabotinsky
240 pages, 21 €
Né à Odessa en 1880 et mort dans l’État de New-York en 1940, Vladimir Zeev Jabotinsky est une des figures les plus marquantes du sionisme russe. Écrivain, journaliste et militant infatigable, créateur du mouvement sioniste révisionniste et du Bétar, il a conquis sa place parmi les fondateurs de l’État d’Israël, entre la génération de Théodore Herzl et celle de David Ben Gourion. Théoricien politique extrêmement lucide, il avait comprit la vertu cardinale pour les Juifs de se défendre eux-mêmes, et dès la première guerre mondiale, il obtint leur participation militaire en tant que tels à l’effort de guerre des Alliés. Plusieurs premiers ministres d’Israël, Menahem Begin, Itzhak Shamir, Ariel Sharon ou Benyamin Netanyahou ont pu se réclamer de son héritage politique et de sa ligne de fermeté : « La muraille de fer ».
Dès les premières lignes de cette vie, il se montre un être extrêmement sensible cependant, dont l’univers intérieur a été façonné par la force d’amour d’une mère impressionnante : « Je ne me rappelle pas un seul jour de sa vie où ma mère n’a pas été contrainte de se battre, de se renforcer et de surmonter des obstacles. Des années où mon père était malade, je ne connais que quelques fragments, mais ces fragments sont une véritable épopée : non pas, certes, au sens d’événements exceptionnels – mais au contraire, d’un chapitre ressemblant à des milliers d’autres chapitres dans l’histoire de milliers de femmes, dont la vie est une entreprise héroïque quotidienne. Elle était née dans l’opulence, avait vécu dans l’opulence, hier encore elle avait une maison regorgeant de richesses, son mari était un dirigeant et presque un roi dans son domaine, et elle était sa reine ; et d’un seul coup tout cela a été détruit (…) Un jour, je lui demandai : « Est-ce que nous aussi, les Juifs, nous rétablirons dans l’avenir la royauté ? » Elle me répondit : « Bien entendu, nous le ferons – petit idiot ! » Depuis ce jour je n’ai plus jamais posé cette question, car sa réponse m’avait suffi. » Il résume lui-même ainsi sa « conception » avec cette formule célèbre : « Je déteste à un point extrême toute idée montrant une différence de valeur entre un homme et son prochain. Cela ne relève peut-être pas de la démocratie mais de son contraire : je crois que tout homme est un roi. »
Sa manière de raconter tout ce qu’il a traversé témoigne de cet « enchantement » reçu avec l’enfance, et aussi du combat mené par cet homme plein de sensibilité et de curiosité pour se donner une direction. Jabotinsky décrit son cheminement intellectuel et ses tâtonnements politiques avec une grande sincérité, et la jeunesse de notre époque souvent tourmentée et inféconde dans ses « indignations » devrait se mettre à l’école de ce livre de vie, de cette méthode et de cette volonté, pour apprendre comment la certitude de travailler à l’ardent espoir du peuple qu’il aimait devint sa joie. « Depuis mon enfance et jusqu’à ce jour, je traverse des périodes de révision (…) Soudain je découvre le grand secret intérieur – que j’ai tout en horreur et que tout m’ennuie, et que ce n’est pas ma voie. Cette fois-ci (…) je ne voyais aucune ligne directrice dans mon existence, aucun leitmotiv exprimant mes désirs et ma volonté propre ; comme un copeau de bois emporté par les vagues, j’étais jeté de ci et de là par les circonstances, j’étais dirigé au lieu de diriger, j’étais à présent absorbé dans la foule sioniste, tout comme j’avais été auparavant assimilé parmi les clercs, les clowns maniant la plume, employés pour distraire le lecteur oisif (…) Mais moi, moi, moi – où étais-je ? Et aussi : je donne sans recevoir. Ignorant effronté et insolent, je prêchais ma théorie au public, théorie que je ne connaissais pas ; car depuis le jour où j’avais quitté l’université je n’avais rien appris, mais j’enseignais, je ne faisais qu’enseigner. »
On a pu comparer Jabotinsky aux plus grands noms de la littérature russe. Admirateur juvénile de Shakespeare et de Pouchkine, traducteur de Baudelaire et de Poe, profondément imprégné des cultures russe et latine, cet enfant terrible du sionisme ne perd jamais ce regard tendre et sévère, plein de justesse, qu’il a pour décrire ses rencontres avec des personnages publics (Herzl, Weizmann, Delcassé, Herbert Samuel) ou bien des inconnus. Malgré la parution récente en France de ses deux romans, Les Cinq et Samson, aux Éditions des Syrtes (2006), Jabotinsky demeure mal connu du public français. Son autobiographie permettra de découvrir de l’intérieur un personnage hors du commun et de comprendre en profondeur la source d’un courant politique si nécessaire et si mal compris de la vie israélienne aujourd’hui.
Texte traduit de l’hébreu et présenté par Pierre Itshak Lurçat.
Presse
Vladimir Zeev Jabotinsky : « Le Mur de fer. »
Falk van Gaver, La Nef : « Une plongée passionnante dans l’ébullition européenne. »
Yves Chiron, L’Homme Nouveau : « Une des grandes figures historiques d’Israël. »
Pierre Lurçat : « De Jabotinsky à Netanyahou : le courant national du sionisme. »
Antoine Spire s’entretient avec Pierre Lurçat à propos de Jabotinsky.
Saskia Cohen-Tanugi, Le Lien : « Un incomparable sens de la vérité. »
J. Chochana, Association France-Israël : « Un Mensch et un visionnaire. »
Claire Dana-Picard, Le P’tit Hebdo (Jérusalem) : « Un dirigeant sioniste de premier plan. »
Nicolas Toubol, Jerusalem Post : « Un nationaliste intransigeant. »
Hélène Keller-Lind, Actualité Juive : « Une page d’histoire essentielle. »
Misha Uzan, Le blog-notes : « On ne peut qu’admirer. »
Michel Gurfinkiel : « Parce qu’il le fallait. »
Pierre Itshak Lurçat, Israël Magazine : « Un épisode glorieux. »
Stéphanie Dassa, Crif : « Cet homme qu’on a aimé détester. »
Alon Hermet, JSS News : « Une autobiographie que l’on ne referme pas sans une certaine émotion. »
« C’est cette force foudroyante de tout utiliser, même l’échec, même l’isolement, la précarité, les controverses, l’adversité politique, les déceptions, c’est cette capacité de résister à tout, à toute humiliation, à tout découragement qui est la leçon la plus instructive de ce livre. »
Saskia Cohen
« Il fut certainement l’une des personnes les plus intelligentes que j’ai jamais connues. Il comprenait son interlocuteur à demi-mots car il lui portait un intérêt vorace et s’impliquait de façon créatrice dans la conversation. Il avait aussi de l’humour. Je buvais littéralement ses paroles, aussi brillantes et mordantes que sa pensée.
Au moment de me quitter, il me dit d’un ton tout à fait sérieux : « Veuillez me compter parmi vos admirateurs »… »
Nina Berberova