Dans le regard de Pierre Boutang

Babel ou Israël

par Olivier Véron

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160 pages, 17 €


Pierre Boutang disait Israël « signe de contradiction » mais aussi «  la seule rançon, la seule création positive répondant à l’horreur infinie de la seconde guerre mondiale  ». Notre culture gréco-hébraïque hésite à reconnaître franchement cet héritage, elle le dédaigne, quand elle ne l’accuse pas. «  Il est certain qu’il n’y a pas d’Europe. L’homme européen ne se trouve pas éminemment en Europe, ou n’y est pas éveillé. Il est, paradoxe et scandale, en Israël. C’est en Israël que l’Europe profonde sera battue, “tournée”, ou gardera, avec son honneur, le droit à durer », écrit Boutang.
L’Europe profonde ce n’est jamais «  Babel  », la démesure, le défi, l’asservissement, la confusion des langues – et la nouvelle Tour érigée sur les ruines de plusieurs empires totalitaires défaits annule la mission des nations souveraines, modelées sur la forme de l’ancien Israël.  Après Pascal, Péguy, Bernanos et Claudel, Boutang (1916-1999) a continué cette tradition chrétienne française éprise des vraies libertés et attentive aux réalités terrestres, aux limites que fixe la finitude, et aux vertus de la chair. C’est cette tradition-là qui rencontre toujours le mystère d’Israël dont l’Europe porte l’empreinte tout effacée. «  La couronne du Saint Empire portait l’effigie de David et celle de Salomon, la politique de nos rois en France – avant Bossuet, de l’aveu même de Machiavel – était tirée de l’écriture sainte, et les nations, jusque dans l’hérésie jacobine et révolutionnaire, imitaient un dialogue immortel entre la naissance et l’obéissance au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.  »
L’appartenance nationale et le nationalisme tels que Pierre Boutang les a compris ne sont ni des symptômes d’enfermement, ni des ferments d’agressivité (anti-juive ou pas), au contraire  : être nationaliste c’est être authentique, c’est reconnaître l’origine, retrouver la source juive oubliée et vouloir la «  nouvelle alliance entre Juifs et chrétiens  » (comme disait Michaël Bar-Zvi). Sans cela, garder un pays dans lequel accueillir ne se peut pas.
Ce livre explore les principaux traits d’une pensée souvent redoutée mais qui est la seule, en France, depuis la Seconde guerre mondiale, à tenir tête ontologiquement et politiquement à un siècle brutal.

Olivier Véron, Les provinciales.

Responsable de la publication des provinciales, chroniqueur irrégulier, Olivier Véron a édité plusieurs livres décisifs de Pierre Boutang  :

La guerre de six jours, 2010 ;
La Politique, la politique considérée comme souci
, 2014 ;
Reprendre le pouvoir
, 2016 ;
La Fontaine politique, 2018 ;
Le Purgatoire, 2021 ;
Précis de Foutriquet, 2022 ;
Le Secret de René Dorlinde, 2022 ;

a publié dans la collection «  Israël et la France  » :  L’Avenir du printemps (2014).

« Nous comprenons alors quel bonheur c’est déjà pour nous autres hommes que de vivre au fil des jours en de petites sociétés, sous un toit paisible, parmi de bonnes conversations, saluées d’un bonjour et d’un bonsoir également tendres. » Ernst Jünger, Sur les falaises de marbre, 1939.


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« L’Europe, cette vieille mixture, attend l’effondrement d’Israël pour dire ‘qu’elle ne voulait pas cela’… »

Michaël Bar-Zvi,
Philosophie de l’antisémitisme, 1985.

 

« La démocratie, religion séculière d’une Babel sans espérance et sans amour… »

Pierre Boutang,
Le Purgatoire, 1976.

 

«  L’antisémitisme s’est distillé dans la dictature du langage jusqu’à troubler ses maîtres. Son message est contenu dans la fable de Babel, bégaiement ou distanciation de la pensée, du corps et de la langue…  »

Michaël Bar-Zvi,
op. cit.

 

« Certains suscitent des épigones, répétiteurs adulateurs, commentateurs sans distance, d’autres sont des maîtres dont la destinée est de n’être pas suivis : ils autorisent par leur regard, leur charge et marche des croissances personnelles libres, des itinéraires singuliers, et des amitiés. »

Ghislain Chaufour,
Commentaire.