160 pages, 16 €
Peut-être les « essais » qui décrivent « à la fois le présent et l’avenir » ont-ils cette brutalité abstraite inhérente à leur style d’investigation. L’écriture romanesque au contraire peut faire violence avec douceur. Si le narrateur est une femme et retrouve à cette occasion la voix et la fraîcheur inquiète de la jeunesse, l’invention respectera la délicatesse des situations humaines. L’An dernier à Jérusalem est ainsi une histoire que l’on raconte. Ce roman anticipe les questions décisives sans que son écriture abolisse ce qu’il y a d’impénétrable dans le futur. Après le cauchemar décrit par Myriam Sâr (la démission, l’abandon, l’évacuation d’Israël), les consciences réveillées retrouvent le goût de la réalité, et l’avenir reste ouvert : cette fois la Guerre de Troie n’aura pas lieu. Un roman est un roman.
Au moment-même cependant où paraissait celui-ci, à l’automne (2011), une immense prise de parole sur la scène internationale, un happening général avait lieu à New York. Le thème était le même : une simple modification dans les frontières réglant la « question de Palestine » (comme dit Henry Laurens). Simple création d’un État dans ce cas ? Disparition rêvée de l’État juif dans l’autre ?… C’est un peu tôt pour le savoir, mais la formule de paix magique et une avalanche universelle d’espoirs en ouate réussirent à étouffer ce que la coïncidence avait de dérangeant. En effet si Ben Gourion a eu raison de dire : « Israël gagnera toutes les guerres à l’exception d’une seule, la dernière », la force de ce roman tient à ce qu’il énonce que cette seule guerre, celle dont on ne parle jamais, a déjà été perdue par Israël : la guerre de la narration. Or s’il n’y a pas d’État sans territoire, – sans peuple il n’y a plus d’État, et pas de peuple sans récit national. « Je ne suis pas de celles qui écrivent : ce n’est rien c’est un pays qui meurt. » Toujours il faut se faire une certaine idée de son propre pays. À l’origine du nôtre comme à son chevet il y a : Israël, son roman, son aventure, voilà pourquoi ces questions nous taraudent. Les hommes ont la mémoire bien courte. Un pays qui n’entend plus la sienne ressemble bien à la mort. La difficulté de faire entendre ce livre n’est donc pas liée seulement à l’engorgement de notre civilisation de l’écrit, nos Illusions perdues (roman célèbre de Balzac). Et il ne suffit pas de résumer en deux mots les cent soixante pages de ce roman : « Retour en diaspora » – elles sont assez serrées comme ça, cela s’appelle de « la littérature ». Cependant il y a dix ans un petit éditeur dans mon genre pouvait encore obtenir du Figaro par exemple un article sur les trouvailles d’un inconnu. Aujourd’hui même Taguieff s’il vous parle d’Israël n’a pas une ligne dans ce journal. On peut tout dire, sauf ça. N’importe. Notez que nous ne nous indignons pas, ce n’est pas à l’abondance que l’on peut juger de la valeur des recensions, mais plutôt à leur surprenante qualité : après la belle chronique de Dominique Decherf dans France catholique, après Rémi Lélian dans Causeur, et Hélène Keller-Lind dans Actualité Juive, Le Magazine des Livres consacre à l’œuvre romanesque de Myriam Sâr alias Sarah Vajda douze pages de son prochain numéro, en kiosques le 18 novembre : un grand entretien de Joseph Vebret avec l’auteur qui sonne déjà comme un manifeste, et un long article de Stéphane Giocanti, le spécialiste français, c’est incroyable, de Charles Maurras et de T. S. Eliot : « L’An dernier à Jérusalem est destiné à marquer, écrit-il : non pas seulement en raison de la créativité littéraire qui le distingue de la guimauve habituelle, de ses innovations formelles, mais parce qu’il crée une tension formidable entre le roman et l’épopée poétique, dans une époque où la forme romanesque s’épuise et où l’on croyait le langage épique définitivement révolu. » À présent c’est à vous de répondre à la question posée par Jean-Claude Milner il y a presque dix ans : Existe-t-il une vie intellectuelle en France ?
• Le Magazine des Livres (n°33, novembre-décembre) consacre une douzaine de pages à l’œuvre romanesque de Sarah Vajda, avec un grand entretien de Joseph Vebret et un article de Stéphane Gocanti sur L’An dernier à Jérusalem.
Presse
Philippe Barthelet, Valeurs actuelles : « Admirable lucidité et périlleux courage. »
Michel Host, La Cause littéraire.
Arnault Destal, Boojum magazine : « Israël, derniers feux. »
Stéphane Giocanti, Le Magazine des Livres : « Une épopée moderne. »
Joseph Vebret, Le Magazine des Livres : « Un livre destiné à marquer »
Laurent Schang, Boojum magazine : « Un concentré d’histoire du monde sur quelques kilomètres. »
Marc Deramaix interroge Sarah Vajda, Causerie du Bnai Brith, Centre Rachi.
Misha Uzan, Un Écho d’Israël : « Un plaidoyer. »
Hélène Keller-Lind, Actualité Juive : « Si Israël se sabordait… »
« Un livre violent… »
Rémi Lélian
Causeur
« Intense »
Philippe Barthelet
Valeurs actuelles
« Une écriture étourdissante, haletante… d’une incroyable densité… »
Hélène Keller-Lind
Actualité Juive
« La guerre, l’aventure collective, la paternité de héros morts, le souffle du vent sur les ruines, la souffrance des étoiles qui font pleurer les mères et punissent la témérité des fils, ces quelques ingrédients suffisent à caractériser cette épopée enracinée dans l’histoire d’Israël et dans l’humus profond de l’humanité. »
Stéphane Giocanti
Le Magazine des Livres
« Tout en douceur, le génie de l’auteur est de montrer qu’il est possible de faire échec aux pires éventualités dont on menace Israël, qu’il y a à la base une vie quotidienne, des relations entre des êtres de chair, qui transcendent toutes les catastrophes et même réussissent à les transformer en simples péripéties de la vie. »
Dominique Decherf
France catholique
« Bien que la forme et la cadence de l’auteur soient admirables de précision et d’élan, nous sommes au-delà de la mise en place d’un style, nous sommes dans le mouvement même de la pensée torrentueuse, fulminante, égarée parfois, brûlant à son propre feu. Nous sommes dans le souffle oppressé de la grande inquiétude. »
Michel Host
La Cause littéraire