Et les violents s’en emparent
par Fabrice Hadjadj
200 pages, 20 €
« Signé d’un nom inconnu mais qui ne devrait pas le rester, et publié chez l’un de ces petits éditeurs qui sont, souvent, l’honneur de ce métier, ce mince volume s’intitule : Et les violents s’en emparent. Dès la première phrase une voix s’impose, ironique, corrosive, térébrante, passionnée, intempestive, ainsi que la certitude d’avoir affaire à un texte d’exception. Qui, fors M. Fabrice Hadjadj, pourrait se pencher sur la violence évangélique à travers Jules Barbey d’Aurevilly, Ernest Hello, Léon Bloy, Fédor Dostoïevski et Georges Bernanos, avec autant de sensibilité et de pénétration, d’humour et de talent ? Dieu sait pourtant si, à quelques exceptions près (André Frossard, pour ne citer que lui), les exégètes et les apologistes sont, d’ordinaire, assommants.
L’incongruité de Fabrice Hadjadj tient à son goût pour l’incarnation. Au lieu d’épiloguer sèchement sur des idées et des concepts, il préfère montrer de nouveaux apôtres, hommes et femmes, aux prises avec les démons du siècle. Et quelles figures que celles de ces apôtres, du boucher Gédéon Ledru au libraire Maurice Grossoyeux, du postier Alfred Beautruche au concierge Prosper Floupette, du contrôleur de la RATP Édouard Picaut à l’octogénaire et bancale Renée Duculot et à la boulangère Germaine Tourangeau !
Par leur intercession, les savantes digressions de l’auteur sur la réversibilité des souffrances, la violence du pardon, le mystère du dogme, la nature agonique de la foi, les références à saint Paul et à Origène, à Grégoire le Grand et à saint Jean Chrysostome, se lisent avec une délectation à laquelle le style souverain de Fabrice Hadjadj, à la fois somptueux et gouailleur, brassant les envolées de Bossuet et les invectives de Céline, les fureurs de Bloy et les douceurs de Fénelon, n’est pas étranger. Nul doute qu’un aussi flamboyant talent, que des convictions si tranchées, ne valent à Fabrice Hadjadj plus d’hostilité que de reconnaissance. Cela ne devrait pas déplaire à ce singulier apologiste qui, à l’évidence, se range dans le camp de ceux qui préfèrent l’épée à la paix et vont ad augusta per angusta. »
Bruno de Cessole, Valeurs Actuelles.
Du même auteur :
La terre, chemin du ciel, 2002 ;
A quoi sert de gagner le monde, 2002 ;
La salle capitulaire (avec Gérard Breuil), 2003 ;
Massacre des Innocents, 2006 ;
Claudel, Une Voix sur Israël, 2017.
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« Dès la première phrase une voix s’impose, ironique, corrosive, térébrante, passionnée, intempestive, ainsi que la certitude d’avoir affaire à un texte d’exception. »
Bruno de Cessole
Valeurs Actuelles