« Aucun de ceux qui m’ont fait l’honneur de me lire ne peut me croire associé à la hideuse propagande antisémite qui se déchaîne aujourd’hui dans la presse dite nationale, sur l’ordre de l’étranger. »
Georges Bernanos, janvier 1939.
Sébastien Lapaque avait rappelé, pour Le Figaro, la rencontre de Bernanos avec Stefan Zweig, venu le voir au Brésil, trois ou quatre jours avant de se donner la mort : « Ce tête-à-tête entre l’écrivain juif et le bretteur catholique scandalise ceux qui ne veulent pas voir l’effort de compréhension spirituelle du mystère d’Israël accompli par Bernanos durant ces années d’épreuve. En voyant arriver Zweig, l’âme écrasée mais si belle et si noble dans l’affliction, Bernanos comprend ce mot de Zeev Jabotinsky : Chaque Juif est un prince. Laissant les préjugés antisémites de sa jeunesse, éclairé par son expérience de l’exil, il s’ouvre au douloureux secret d’un peuple dont l’ambition est simplement de durer au cœur d’une histoire devenue folle. »
« Les charniers refroidissent lentement, la dépouille des martyrs retourne à la terre, l’herbe avare et les ronces recouvrent le sol impur où tant de moribons ont sué leur dernière sueur, les fours crématoires eux-mêmes s’ouvrent béants et vides sur les matins et sur les soirs, mais c’est bien loin maintenant de l’Allemagne, c’est aux rives du Jourdain que se lève la semence des héros du ghetto de Varsovie. »
Georges Bernanos