D’Odessa à Constantinople…
Né à Odessa le 18 octobre 1880, Vladimir Evgenevich Jabotinsky est issu d’une famille orthodoxe aisée qui va sombrer dans la pauvreté à la mort de son père. S’il reconnaît n’avoir que des souvenirs très flous de cette période, l’empreinte paternelle reste cependant profondément marquée.
Très tôt il s’intéresse à la lecture et l’écriture. Bien qu’élève médiocre, il lit Shakespeare et Pouchkine, écrit ses premiers poèmes à l’âge de dix ans, et traduit en russe le Cantique des Cantiques, ainsi que Le Corbeau d’Allan Poe, paru en 1845. Ses premiers articles de presse, publiés à partir de 1897, lui permettent de décrocher un poste de correspondant pour lequel il part s’installer à Berne, qu’il quitte rapidement pour Rome, où il résidera durant trois ans. Dans la capitale italienne, il acquiert ses premières conceptions relatives à la notion d’état, de société et de problèmes nationaux.
Suite au pogrom de Kichinev, lors des fêtes de Pessa’h 1903, il décide de rejoindre le mouvement sioniste, et du 23 au 28 août de la même année, il assiste en tant que délégué au très houleux 6e congrès Sioniste de Bâle, présidé par Théodore Herzl. Il avoue que cette expérience changera le cours de sa vie, comme si un premier chapitre venait de s’achever, tandis qu’un autre débutait.
De retour à Odessa, il commence à apprendre l’hébreu, milite pour l’imposer dans toutes les écoles israélites, et organise des unités d’auto-défense pour protéger les juifs des pogroms qui sévissent encore régulièrement en Russie.
En 1909, à l’occasion d’un voyage à Constantinople, il se rend pour la première fois en Eretz Israël. Il loge à Jaffa, chez Meir Dizengoff, le premier maire d’une ville en train de sortir de terre : Tel Aviv.
Naissance de la Légion Juive
Lorsqu’éclate la Première Guerre Mondiale, le sionisme et le militantisme du Peuple Juif en faveur d’un état qui leur soit propre ne constitue plus réellement une priorité pour le monde. Jabotinsky, persuadé que les nations européennes en général, et l’Angleterre en particulier, pourraient être favorables à l’établissement d’un foyer national juif en Palestine, décide la création d’un bataillon composé exclusivement de soldats juifs : la Légion Juive. Officiellement, cette dernière n’a jamais existé, mais représentait trois bataillons en 1917 au sein desquels a combattu entre autres David Ben Gourion.
En 1919, la Légion Juive est dissolue par le gouvernement britannique. L’armée juive rêvée par Jabotinsky ne verra pas le jour.
Une « vie inachevée »
« Au lieu de cela, je me rendis à Westminster ». C’est sur ces mots que s’arrête cette autobiographie, en 1920, aux deux-tiers de sa vie. La période allant de 1920 à la mort de Vladimir Jabotinsky en 1940, à New York, nous est ensuite résumée par Pierre Lurçat, à qui l’on doit la traduction hébreu-français de cet ouvrage.
N’obéissant qu’à ses convictions profondes, sacrifiant sa vie privée et une carrière littéraire pour ne se consacrer qu’à la cause sioniste, c’est avec beaucoup de sensibilité et d’humanité qu’il nous fait voyager dans les principales villes et capitales d’Europe, et nous fait partager ses rencontres avec Théodore Herzl, ‘Haïm Weizmann, Walter Graham…
Jamais rééditée en Israël, méconnue du public français, cette autobiographie, que l’on ne referme pas sans une certaine émotion, permet de découvrir un homme simple et touchant, aujourd’hui considéré comme un des pères fondateurs de l’Etat d’Israël, au même titre que Théodore Herzl ou David Ben Gourion. »
Alon Hermet, JSSNews.com, 4 novembre 2011