« Israël, derniers feux. Le ton est donné dès la première page. L’An Dernier à Jérusalem met en scène l’État hébreu face à son histoire, ses contradictions et ses espoirs vaincus à l’heure de son auto-dissolution. (…) « Nous n’étions pas prêts. » Constat d’échec, dont acte. L’ordre est donné d’évacuer le territoire. Les raisons de cette fin programmée sont multiples. Une fin qui se veut rationnelle, celle du pays rêvé, dans lequel l’avenir est devenu suffocant, notamment pour une grande partie de la jeunesse. Les victimes d’alors devenues aux yeux de l’opinion publique les oppresseurs et les bourreaux vont mettre la clé sous la porte. Retour en diaspora. (…) Sur la forteresse de Massada, symbole historique de la résistance à Rome, les soldats de Tsahal enterrent le drapeau frappé de l’étoile de David et scandent les noms de ceux tombés pour le pays. En écho à l’épisode du siège et de l’assaut de la Legio X Fretensis contre cette même forteresse quelques siècles auparavant, certains évoquent le suicide, la destruction. (…) Si la guerre de l’information est perdue depuis longtemps il sera peut-être encore temps de briser le cercle vicieux, sans un bruit. (…)
Lorsqu’en haut-lieu l’ordre d’évacuation est donné, une troupe de théâtre se prépare à jouer sur scène L’Orangeraie, double contemporain de La Cerisaiede Tchekhov où une famille se voit dépossédée d’un merveilleux domaine. Un coup de feu répond à l’autre. Le théâtre est à l’échelle d’une nation.(…) « Comme nous n’avons qu’un père, nous n’aurons qu’un pays, dont l’exact poids apparaît à l’instant de leur disparition. Pourquoi faut-il toujours que la perte soit la seule, l’unique mesure des choses ? » »
Arnault Destal, Boojum magazine, www.boojum-mag.net