Christophe Geoffroy, La Nef : « sans aucun manichéisme »

Steven Hirsch, à 60 ans, est un célèbre et riche avocat juif de New York qui compte parmi ses clients nombre de vedettes d’Hollywood. Personnalité égocentrique, volage et charmeur – il allait divorcer de sa troisième épouse de 20 ans sa cadette lorsqu’elle est foudroyée lors d’une partie de golf –, il décide de renouer avec son fils Kevin, devenu un juif religieux installé dans une nouvelle colonie des « Territoires » de Cisjordanie. Il découvre un monde religieux qu’il ignorait et, en plus, tout bascule pour lui lorsque son fils est arrêté par le Shabak, les services secrets israéliens, avec plusieurs compagnons, accusés d’avoir mis le feu à une maison d’un village arabe provoquant la mort d’un enfant. Son fils est défendu par Leah, une avocate militante dans une organisation défendant les colons juifs. Très vite Hirsh succombe à son charme et en tombe amoureux. Mais un fossé les sépare et la « conversion » de Hirsh, prêt à devenir lui-même juif religieux pour conquérir le cœur de Leah, est-elle vraiment sincère ? Et parviendra-t-il à libérer son fils des mains du Shabak ?
Ce « roman israélien » (sous-titre du livre) est d’une excellente facture, l’auteur sachant capter son lecteur avec une écriture fluide, un humour omniprésent, et la tendresse qu’il éprouve pour ses personnages est communicative. Mais surtout, cette histoire est une plongée dans le milieu des colons, juifs religieux, et de la justice israélienne, qui ne connaît plus l’État de droit, quand le Shabak estime qu’une menace pèse sur la sécurité intérieure du pays. C’est passionnant, très éclairant sur certaines facettes d’Israël et sans aucun manichéisme ni jugement de l’auteur.

Christophe Geffroy, La Nef n°350, septembre 2022.

• Tvi Fishman, le livre de Hirsch, Les provinciales.