« L’Église et la Synagogue ont besoin l’une de l’autre », c’est notamment avec ces mots inspirés de Franz Rosensweig que s’ouvre ce petit livre. Le controversé Richard Millet fixe ainsi d’emblée le décor et dévoile son ambition : se demander s’il n’y a pas toujours « un Juif qui témoigne pour (lui), sinon en (lui), chrétien ainsi chargé de lui témoigner une éternelle reconnaissance ? » Avec une réflexion qui semble avoir été écrite d’un jet de plume puissant, l’écrivain propose une introspection qui inévitablement le ramène au Liban et lui fait poser un regard sur Israël. Millet revient donc sur son adolescence, lorsqu’il prend conscience de la force des mots, et au cours de sa réflexion sur lui-même, il se surprend à réaliser une véritable transfusion spirituelle en lui du « sang juif de Jésus ». lsraël apparaît alors comme une réalité, une mémoire et une certitude tangible de l’origine jamais perdue. Avec ce livre profond. Richard Millet démonntre à nouveau combien la langue peut être utilisée comme une arme. Des passages sont difficiles – certains du fait d’un vocabulaire brutal, d’autres pour leur crudité – mais le propos est toujours sincère.
Éric Keslassy, Actualité Juive n°1395, du jeudi 9 juin 2016.
Israël depuis Beaufort, Richard Millet, Les provinciales, 128 pages, 12 €