La louve de Kharkov. Le préambule est un véritable coup de poing et nous fait entrer de plain-pied dans cette guerre fratricide qui se déroule sous nos yeux – mais avec un éloignement certain depuis l’horreur de la guerre en Israël. Du reste en lisant la description du meurtre qui se passe dans la région du Donetsk, on se dit qu’on n’est pas très loin de ce qu’il s’est passé le 7 octobre…
Pas d’analyse politique pour savoir qui a tort ou raison : les faits s’égrènent, sans fioriture. On suit les deux sœurs à travers leur vie évoquée par leur oncle Maxime. Ce dernier est dans le train pour plusieurs jours : les distances sont longues en Russie ! Je le sais car j’ai voyagé plusieurs fois dans le transsibérien. L’atmosphère est bien celle que j’ai vécue : le bruit métallique des wagons, le samovar qui distille le thé et les figures improbables de Russes racontant la vie politique de façon crue et imagée avec une vision politique implacable et une ferveur totale à l’égard de la Russie, la mère patrie. Tout ceci accompagné de repas qui n’en finissent pas, arrosés de vodka qui n’en finit pas, elle non plus, de rincer les gosiers assoiffés de paroles, de récits historiques, de rancœurs aussi. On apprend beaucoup de choses sur l’Ukraine, son passé nazi qui se prolonge avec les bataillon Azov : ce que n’évoquent jamais les grands médias !
La guerre, telle que Jean-Louis Bachelet nous la décrit est la vraie guerre : celle qui se déroule entre deux frères ennemis l’Ukraine et la Russie. Nous sommes bien loin des clichés de la presse française qui avait prédit la râclée du siècle contre Poutine. L’Europe, à la remorque des États-Unis.
Ce livre est un condensé d’Histoire vécue, à travers des personnages ordinaires : des victimes de la folie occidentale. C’est un livre qui rétablit de façon poignante la réalité d’un déchirement qui aurait pu être évité si les Américains et l’Europe n’avaient pas cherché à mettre la main sur l’Ukraine à des fins géostratégiques. Le peuple, toujours lui, en fait les frais. Les pertes humaines du côté ukrainien vont laisser le pays exsangue. Jean-Louis Bachelet a écrit un très beau livre.