La radicalisation islamique est en marche dans plusieurs secteurs de la société. Peut–on encore l’arrêter ? Le sujet est tabou, mais voila qu’une mission parlementaire d’information dont le rapport est publié ces jours–ci, a décidé de voir de plus près ce qui se passe dans nos services publics. (…)
Comment avons-nous pu laisser faire ça ? Par lâcheté, faiblesse ou idéologie – l’idéologie mortifère des bienpensants, confits dans la haine de soi, les schémas victimaires et les discours prémâchés. Une chape de plomb est tombée sur notre pays et les esprits libres comme l’historien Georges Bensoussan : après avoir dirigé Les territoires perdus de la République (1), ouvrage collectif et prophétique, paru en 2002, il fut accusé par la police de la pensée de propager des idées « nauséabondes ».
Le cas de Bat Ye‘or, un nom de plume, est édifiant. Auteure du Dernier Khamsin des juifs d’Égypte (2), qui vient de paraître, elle a été mêmement traînée dans la boue. Pour n’être pas d’accord avec toutes ses thèses, on n’en est que plus révolté par les procès en sorcellerie sans cesse instruits contre elle, au point que sa fiche Wikipedia la présente sans vergogne comme une… « conspirationniste ». (…)
Le premier crime de Bat Ye’or est d’être née en Égypte, d’où elle a été chassée en 1956 par les lois d’exception édictées par Nasser contre les juifs. Dans Le dernier khamsin des juifs d’Égypte, superbe roman de sa jeunesse écorchée vive, elle raconte comment les siens ont été dépossédés de tout, de leurs droits, de leurs biens, de leurs métiers, pour être soumis aux vexations, aux lynchages, aux crachats. Vieille de 2600 ans, la communauté juive d’Égypte fut subitement effacée condamnée à l’exil dans une indifférence quasi générale, avec la bénédiction des bonnes consciences tiers-mondistes.
Son deuxieme crime est d’avoir forge le concept de « dhimmitude » et démoli, pièces à l’appui, le mythe d’une harmonie millénaire entre les différentes communautés en terre d’islam. Le dhimmi, c’est–a–dire le non-musulman, est une sorte d’Untermensch, comme on disait sous le IIIe Reich. Il doit porter des signes distinctifs, payer l’impôt de la « soumission », circuler sur un âne, jamais à cheval, etc. Dans plusieurs classiques savants, régulièrement réédites, Bat Ye’or a décrit l’oppression des minorités autochtones, juives ou chrétiennes, donc préislamiques, dans les pays musulmans et mis au jour le processus d’islamisation des sociétés.
L’heure n’est ni a la déconstruction ni aux Cassandre. Quand Bat Ye’or a parlé d’Eurabia, « projet » de colonisation de l’Europe par l’islam, sur fond de pétainisme, les foudres se sont déchaînées contre elle (3). Non, madame, rien n’est jamais écrit d’avance. Puisse le pouvoir en finir avec la somnolence ou la résignation et tirer les leçons de cette mission parlementaire d’information sur la radicalisation.
Franz-Olivier Giesbert, Le Point n°2442 du 20 juin 2019.