Il n’est pas inutile de lire La Politique considérée comme souci, (…) Boutang y écrit des pages définitives sur ce paradoxe inhérent à la condition humaine : le fait pour l’homme de devoir vivre comme un « engagement nécessaire et absolu » « cet événement contingent et relatif », qu’est celui d’être né « dans une communauté qu’il n’a pas choisie », paradoxe qui récuse l’internationalisme et fonde le nationalisme, sans faire de cela le dernier mot de l’aventure humaine.(…) Le royalisme de Pierre Boutang (…) procède d’une investigation philosophique originale, qui approfondit et renouvelle la question du bien commun et de la légitimité, celle de la mixité du pouvoir, de la naissance et de la justice. Dans La Politique considérée comme un souci(1948), sa démarche emprunte à la phénoménologie tout en trouvant un ton très personnel, où Boutang offre des lectures neuves de Shakespeare, Kafka ou Dostoïevski, qui lui servent à interroger l’essence du politique. Boutang reprend son enquête sur la politique dans Reprendre le pouvoir (1977), où il s’appuie notamment sur une lecture du Philèbe de Platon et où il commente l’interprétation de la Phénoménologie de l’Esprit de Hegel par Alexandre Kojève. C’est également dans ce traité que Boutang développe l’idée de la « modification chrétienne du pouvoir ».
Georges Leroy, Réseau-Regain.