« Pierre Boutang vient de vivre l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale, notamment depuis Rabat où il s’était installé, prenant de la distance par rapport à la France occupée et observant toute l’ampleur géopolitique du séisme. Le sentiment du tragique le hante, l’obligeant sans cesse à interroger cette infinie possibilité d’anéantissement de la réalité humaine. Auschwitz est présent dans cet essai, tout autant que la Kolyma, et le passage à la maturité du penseur se distingue par l’obsession de la dégradation humaine et de l’expérience du démoniaque.
Il faut tout de même se souvenir que la tentation totalitaire est alors le lot d’une part considérable du “parti intellectuel”. Non seulement Boutang y échappe, mais sa lucidité lui permet de saisir ce que d’autres mettront plusieurs décennies à admettre. Avant même Hannah Arendt, il a compris que l’expérience du démoniaque est originelle (…) »
(Suite du texte de Gérard Leclerc paru dans Royaliste ici ^)