Gevorg Mirzayan est politologue, professeur à l’université d’état de Moscou, journaliste à Komsomolskaya Pravda.
(Texte traduit du russe par Jean-Louis Bachelet.)
Premièrement, Israël a été et reste un grand brise-lame contre le terrorisme islamique. Une sorte de Constantinople du XXIe siècle. Un État qui résistera jusqu’à la Dernière Heure au terrorisme simplement parce que son existence même est en jeu. Un État qui n’hésitera absolument pas à lutter contre le terrorisme – pour la même raison. Avec des méthodes que les pays civilisés condamneront et ne pourront pas imiter – mais qu’au fond, ils jugeront appropriées. Dans le cas présent, il s’agit la destruction même du HAMAS par l’invasion et le nettoyage de la bande de Gaza. Même si de nombreux civils Palestiniens y trouvent la mort (malheureusement, il n’y a pas d’autres options).
Si Israël tombe, le terrorisme islamique ne disparaîtra pas pour autant – non, pour lui, l’ennemi est toute la civilisation occidentale en tant que telle. Libérés après l’élimination d’Israël, les terroristes encouragés par leur succès iront sur de nouveaux fronts – en particulier, en Asie Centrale et dans le Caucase.
Deuxièmement, Israël fait toujours partie du monde civilisé. Les israéliens peuvent être critiqués autant qu’on veut – parfois à juste titre – pour la ségrégation des Palestiniens, ou pour le traitement des militants captifs. Mais Israël n’a jamais fait ce que le monde entier a vu le 7 octobre sur des vidéos tournées par des Palestiniens : l’enlèvement massif de civils, les filles violées presque sous l’œil de la caméra, le mitraillage des conducteurs de voitures civiles sur les routes, le meurtre sauvage de participants européens à un festival de musique pacifiste (c’est-à-dire, dans les faits, pro-palestinien) près des frontières de Gaza. En regardant toutes ces images vidéo, il y avait le sentiment que vous étiez de retour à l’époque des incursions des nomades en Russie, du génocide arménien, des actions des nazis dans les villages soviétiques. Ou bien l’époque de Budennovsk ou Beslan. Et le ministre israélien de la défense, Yoav Galant, a raison, qualifiant ainsi les militants du HAMAS de «bêtes humaines». Ce ne sont pas des humains. Du moins, pas des gens civilisés. Et s’ils pensent qu’il est normal de se comporter de cette manière, ils doivent être punis. Et il ne s’agit pas seulement des militants du HAMAS, mais aussi de ces « civils » qui, en riant ont filmé une fille violée tirée du coffre d’une voiture et jetée aux pieds d’hommes assis plus loin. Encore une fois, vous pouvez critiquer et ne pas aimer Israël, mais aucune personne civilisée ne peut soutenir un groupe pour lequel de telles actions sont la norme. Et chaque personne civilisée admettra comme nécessaire la destruction radicale de ce groupe de bestiaux.
Et c’est là qu’on peut évoquer une troisième raison pour soutenir Israël. Il est étrange que des patriotes russes soutiennent le HAMAS — après tout, la bande de Gaza qu’ils contrôlent est en fait une sorte d’Ukraine du Moyen-Orient. Un territoire que le groupe radical a transformé en véritable foyer terroriste. Un territoire qui ne peut que détruire, qui comporte une menace existentielle pour tous les voisins (dans le cas de Gaza — pas seulement pour Israël, mais aussi pour l’Égypte laïque). Un territoire avec lequel on ne peut pas s’entendre (les Juifs ont essayé pendant de nombreuses années, sans succès). Et donc un territoire qui, au nom de la sécurité de son pays et de ses citoyens, doit être dénazifié. Avec des méthodes de dénazification différentes. La Russie répugne à bombarder les quartiers civils des villes ukrainiennes. Tout simplement parce que :
a) Il est possible d’obtenir la victoire d’une autre manière.
b) Certains des nôtres y vivent.
c) De telles méthodes sont contraires à notre culture.
Les israéliens sont dans une situation différente. Ils n’ont pas un pareil lien avec les Palestiniens pour gagner une guerre d’usure. Ils ne considèrent pas les Palestiniens comme leur peuple (même s’ils les appellent « cousins ») et ne souhaitent pas les intégrer. Mais cela ne contredit pas le fait qu’une opération militaire doit être menée contre le HAMAS. En minimisant le nombre de victimes civiles bien sûr, mais dans le but d’éliminer définitivement cette menace. Israël, après l’enfer que les Palestiniens ont causé le 7 octobre, est prête à le faire à n’importe quel prix.
• Cf. Jean-Louis Bachelet, La Louve de Kharkov, Les provinciales, octobre 2023.