« L’actualité remarquable des textes de Pierre Boutang à la veille d’un nouveau déferlement aux frontières d’Israël »
« C’est avec étonnement et un très grand intérêt qu’on lit les textes remarquables écrits par Pierre Boutang de mai à juillet 1967 et réunis par les éditions Les provinciales. Étonnement car ces textes d’une écriture forte et limpide, non seulement rappellent ce que fut cette Guerre de Six Jours, mais aussi que les constats dressés alors quant aux Juifs, Israël et le reste du monde, restent d’une étonnante actualité. Alors qu’Israël est à nouveau menacé sur tout son pourtour, alors que des infiltrations massives, offensives, dites « du retour » sont méthodiquement organisées sur toutes ses frontières pour marquer, justement, le 5 juin prochain (…) La menace de la destruction d’Israël se fait à nouveau pressante. (…)
Pierre Boutang dénonce la « longue erreur » d’analyse de la situation dans la région faite par les Américains – ou Raymond Aron sur ce point –. Et on voit aujourd’hui même comment Barack Obama commet, lui aussi, une erreur, erreur de taille (…) car le Président américain vient de préconiser comme base de négociations israélo-palestiniennes « les lignes de 1967 » justement. Des lignes à la fois désormais impossibles et totalement « indéfendables » comme l’a clairement énoncé Benyamin Netanyahou à Washington.
Des positions américaines sur lesquelles s’alignent d’ailleurs la plupart des pays européens… Or, le 1er juin 1967, Pierre Boutang écrivait d’une manière qui semble prémonitoire : « c’est en Israël que l’Europe profonde sera battue, ’tournée’, ou gardera, avec son honneur, le droit à durer. »
Autre acteur incontournable d’hier comme d’aujourd’hui : l’ONU, devant lequel Mahmoud Abbas, devenu l’allié du Hamas terroriste dont la Charte prévoit la destruction d’Israël, va demander en septembre la création d’un État palestinien qui, de son propre aveu, permettrait de poursuivre le conflit plutôt que de le résoudre.
Or, cet acteur onusien (Pierre Boutang le dénonçait alors) avait déjà joué un rôle des plus néfastes avec ses « casques bleus », pseudo garantie internationale – à « la présence révocable » et qui fut révoquée : « renvoyés par U Thant au premier signe de tête du Pharaon » – qui était alors Nasser –. Or, aujourd’hui, l’Égypte d’après Moubarak semble prendre une direction nettement défavorable à Israël… [1] Ainsi a-t-elle laissé passer des navires iraniens par le canal de Suez qui sont allés s’amarrer dans un port syrien. Et, dans la foulée, une cargaison d’armes iraniennes destinées à la Bande de Gaza étaient saisies en Méditerranée par Israël sur un navire parti de Syrie et ayant transité par la Turquie… – qu’Israël n’accusait pas dans cette affaire –
De l’ONU Pierre Boutang écrivait qu’elle « parle sans penser, selon des forces qui l’emploient pour cacher le mouvement réel de l’histoire, pour le truquer, non pour l’exprimer et moins encore le démasquer ». Cela était écrit le 8 juin 1967, bien avant donc que l’ONU ne donne scandaleusement à Ahmadinejad une tribune à Genève, après avoir organisé la non moins scandaleuse Conférence mascarade antisémite et anti-israélienne de Durban, (…) et ne récidive en septembre justement à New York – alors même que Mahmoud Abbas entend demander la création d’un État palestinien établi sur « les frontières de 67 » – (…) ONU qui a bien failli admettre au sein de son Conseil des Droits de l’Homme la Syrie du massacreur Assad après y avoir admis la Libye du massacreur Khadafi, entre autres pays violant ses propres principes mais qui fustige Israël à longueur de résolutions. (…)
On trouve ainsi dans ce qu’écrivait Pierre Boutang des éléments existant aujourd’hui, à quelques détails près. Ils sont exprimés avec une force et une clarté remarquables, avec profondeur aussi, et dans une écriture ramassée. (…) Dans une poste-face intitulée « Le septième jour », un « septime jour » qui n’en finit pas, Michaël Bar-Zvi démontre la pertinence et l’actualité de l’analyse, en la replaçant dans l’histoire d’Israël (…)
C’est à la lumière des données détaillées par Pierre Boutang qu’il faut replacer l’offensive actuelle prévue pour le 5 juin prochain contre Israël par un « groupe » très bien organisé et déterminé. Ce « groupe » appartient aux « groupes » qui se définissent ou pas, et organisent un ensemble de manifestations qui n’ont rien de ponctuelles ni de spontanées, mais ont pour but de délégitimer et de faire condamner Israël, d’une manière ou d’une autre, en orchestrant des incidents destinés à faire passer l’État hébreu pour un perpétuel agresseur (…)
Il y a eu déjà des répétitions générales pour le 5 juin et septembre 2011. Avec récemment la « Flottille » et le navire Marmara qui avait astucieusement mêlé à son bord, à la fois, de vrais humanistes, mais aussi des membres d’une organisation terroriste – ITT turque recherchant clairement le « martyre » (…) Or, on sait qu’une autre « Flottille » est en cours de préparation au plan international (…)
Le 15 mai, des masses de manifestants, présentés comme descendants de « réfugiés », condition héréditaire pour les Palestiniens, grâce à l’ONU, ont été rassemblées sur les frontières libanaises et syriennes d’Israël, et ont tenté de pénétrer sur le territoire israélien par la force de leur masse. Au nom de leur « droit au retour »… en Israël même… Ils parvinrent à forcer le passage sur le plateau du Golan. Il y eut également une quinzaine de manifestations en Judée Samarie et à la frontière entre la Bande de Gaza et Israël.
Et il y eut des blessé et des morts. Ce qui était voulu pour servir de publicité anti-israélienne, comme cela fut le cas avec les morts du Marmara ou de la Bande de Gaza lors de l’Opération Cast Lead – destinée à faire cesser les tirs incessants du Hamas (…) L’agence de presse palestinienne Maan News (…) montre ce qu’a été la retenue magistrale dont ont fait preuve les forces israéliennes étant donné que l’agence fait état de 14 morts – dont dix tués en réalité par l’armée libanaise – bien que ces forces israéliennes sont censées avoir « ouvert le feu sur des milliers de réfugiés qui tentaient de rentrer chez eux. »
Discrète, Maan News parle d’un « comité » ou d’un « groupe » qui n’ont donc pas de nom, organisant ces « manifestations de retour ». Comité qui énonce clairement que « les manifestations du 15 mai n’étaient que le commencement. » Et qui appelle « tous les réfugiés palestiniens vivant en exil à participer à des marches pacifiques jusqu’aux frontières de la Palestine historique. »
On verra ce jour-là à l’œuvre « les réalités arabes » et « la part immortelle de l’islam » dont parlait Pierre Boutang en 1967. Qu’il convient de lire ou relire aujourd’hui. »
Hélène Keller-Lind,
texte complet mis en ligne par desinfo.com. le 22 mai 2011.
• Voir aussi cet autre texte de Hélène Keller-Lind : Une série d’attaques orchestrées contre Israël pour juin 2011 sur desinfo.com : « On souhaiterait que les dirigeants et commentateurs – honnêtes – occidentaux s’empressent de relire et méditer les textes écrits par Pierre Boutang avant, pendant et juste après la Guerre des Six Jours, que rééditent les Éditions Les provinciales dans un petit ouvrage essentiel et accessible d’une manière si opportune ».
• La Guerre de six Jours de Pierre Boutang, présentée par Michaël Bar-Zvi
• cf. aussi france-israel.org
[1] cf. notamment la dernière dépêche n°3844 du MEMRI, citant la journaliste Safaa Saleh dans le quotidien gouvernemental Al-Gumhouriyyasur « les Juifs à l´origine des affrontements entre musulmans et coptes en Egypte » : cf.memri.org->http://www2.memri.org/french/ (NDLR)