Vladimir Zeev Jabotinsky, un Mensch et un visionnaire.
« …À la lecture de ce livre, de nombreux souvenirs de jeunesse remontent à la surface (…) Impossible d’oublier, celui qui laissa en chacun de nous une trace indélébile pour ses actions et ses discours poignants, coulant en droite ligne de son maître Jabotinsky, je veux parler de Monsieur Menahem Begin. C’est l’éducation idéologique de Jabotinsky qui forgea des hommes tels que Menahem Begin, celui qui réussit à faire la paix avec l’Egypte, qui mena « l’Opération Babylone » sur le site nucléaire Osirak en 1981, celui-là même qui devant les incessantes condamnations à l’ONU s’écria à la face du monde : « Je préfère être un juif antipathique mais vivant, qu’un juif sympathique mais mort ». (…) Zeev Jabotinsky se trouve à plusieurs carrefours et moment décisifs de la vie du judaïsme et du sionisme mondial. Le lecteur vibre en même temps que l’auteur, nous partageons ces instants cruciaux qui voient poindre à l’horizon un terrible danger et une seule solution : l’établissement d’un foyer national juif sur la seule et unique terre d’Israël. (…) Seuls des visionnaires, comme l’étaient T. Herzl et Z. Jabotinsky, peuvent mesurer l’importance d’une telle décision et d’une telle idéologie qu’est le sionisme. C’est une véritable révolution dans le monde juif, et à tous les niveaux. Jabotinsky est convaincu que le peuple juif doit tout d’abord se construire et constituer une véritable société avec les structures d’État adéquates. La priorité, à ses yeux, est l’établissement d’une armée d’auto-défense. C’est en Égypte que cette entreprise voit le jour. (…) Z. Jabotinsky n’eut pas l’accueil escompté lors de son retour à Odessa, comme il le relate : « Après douze années d’activité nationale, je finissais comme au milieu du désert ». C’était un incompris car trop en avance sur son temps. Il pressentait déjà de grandes catastrophes pour le peuple juif. Si celui-ci ne se structurait pas autour d’une armée d’auto-défense, ce seraient encore d’autres pogroms et peut-être des massacres plus atroces auxquels devait s’attendre le peuple juif.
Dans sa propre ville il était vu comme un traître et un destructeur : « La Légion juive était une chose naturelle et même banale dans une guerre qui devait, ou qui pouvait décider du sort de la terre juive, et pour avoir commis ce péché, voyez quelle colère et quel tonnerre j’avais déclenchés ». Dans ce moment de désespoir, Zeev Jabotinsky demanda alors conseil à sa mère, qui elle aussi avait dû subir des remarques désobligeantes d’un dirigeant sioniste russe qui lui lança : » Votre fils devrait être pendu ». Le seul conseil qu’elle donna à Z. son fils fut alors celui-ci : « Si tu es certain d’avoir raison, alors ne cède pas ». (…)
Tout son combat fut orienté vers le sauvetage du peuple juif, qu’il nomme « la liquidation de l’exil ». Il encourage l’immigration illégale en Eretz-Israël. Il exhorte les Juifs de Pologne à fuir et s’adresse à eux dès 1938 en ces termes : « Je vois un spectacle terrible ; il ne reste que peu de temps pour s’échapper. Je sais bien que vous ne pouvez le voir, préoccupés par vos soucis quotidiens. Ecoutez cependant mes paroles, en cette heure ultime : au nom de Dieu ! Que chacun sauve sa vie, tant que cela est encore possible, car il ne reste plus beaucoup de temps ! »
Z. Jabotinsky était vraiment un grand visionnaire. Alors qu’aujourd’hui nous assistons aux revendications sociales en Israël, il est opportun de se souvenir qu’il avait développé un concept économique et social articulé autour des « 5 M » à savoir la nourriture, le logement, les soins médicaux, l’éducation et l’habillement (ces mots commencent tous par la lettre M en hébreu).
Zeev Jabotinsky décède d’une crise cardiaque en 1940 aux Etats-Unis. Ce n’est qu’en 1964 que son corps fut rapatrié en Israël, comme il l’avait souhaité. David Ben Gourion, l’ennemi juré de Jabotinsky depuis le congrès sioniste de 1935, avait toujours refusé le transfert de son corps. Il fallut attendre l’élection du Premier ministre Levi Eshkol pour qu’enfin Zeev Jabotinsky et son épouse puissent retrouver la terre de leurs ancêtres. Ils reposent depuis sur le Mont Herzl. »
J. Chochana, Association France-Israël, France-Israël.org