Des juifs et des lettres
Tzvi Fishman, romancier israélien multi-couronné dans son pays d’adoption, est presque aussi intéressant que son Livre de Hirsh : l’un comme l’autre, l’auteur et son personnage sont d’abord de ces juifs américains à la foi refoulée et aux moeurs dégénérées, d’Hollywood ou de New York. Si le premier a depuis longtemps regagné le pays et la loi de ses pères, le second, le héros du livre, Stephen Hirsh, est un avocat de stars plein aux as qui ne dédaigne pas, après avoir divorcé trois fois, tâter de la secrétaire ou de l’hôtesse de l’air pour passer le temps. Las. Son fils idéaliste installé dans une « colonie » sioniste le réclame en Israël et Hirsh le jouisseur, Hirsh le neutre se trouve plongé dans une réalité nouvelle. Nourri de mystique et de foi, Tzvi Fishman démontre qu’un romancier israélien peut être aussi drôle et grinçant qu’un romancier juif newyorkais. « Baruch Hachem ! », comme on dit.
Jacques de Guillebon, L’Incorrect n°55, août 2022.
• Tvi Fishman, le livre de Hirsch, Les provinciales, 280 pages 24 €