En perspicace observateur du chaos actuel de la France, Michaël Bar-Zvi montre comment la relation de ce pays avec Israël et le sionisme s’avère au fond un rendez-vous manqué. Les origines de ce hiatus remontent aux paradoxes de la Révolution française, qui prétendit « tout refuser aux Juifs comme nation, et tout leur accorder comme individus », selon le député Clermont-Tonnerre en 1789. Il se creuse donc et se révèle avec l’affaire Dreyfus, quand Herzl, après avoir assisté à la dégradation, écrit les textes les plus marquants de son journal et donne l’élan à un nouvel État des Juifs. Pourtant la relation entre la France et le peuple juif fut ancienne et souvent passionnelle : c’est le pays de Rachi, des kabbalistes provençaux, des Juifs du Pape à Avignon et dans le Comtat Venaissin, le point de contact entre ashkénazes et séfarades, mais c’est aussi le pays de Montaigne, Pascal, Racine, Bonald, Joseph de Maistre, et bien sûr de ce « précurseur du sionisme politique » : Napoléon Bonaparte.
Jean-Marx Skenadji, Pharmaviv, avril 2015.