Pour les logocrates, tout pouvoir vient de la langue, qui elle-même vient de Dieu. Le regretté George Steiner en avait salué les plus grands : Joseph de Maistre, Martin Heidegger, Pierre Boutang… Le nouvel ouvrage de Richard Millet s’inscrit dans cette veine puisqu’il explore la situation de la langue française en période d’effondrement de notre littérature. Son panorama est sombre : « Il en va de la littérature comme de la lutte contre le réchauffement climatique : il est déjà trop tard ». Pour lui, le XXe siècle n’aura pas seulement été celui des totalitarismes ou de la disparition de notre société rurale millénaire sous les assauts de la modernité technicienne mais aussi celui du triomphe d’un anti humanisme sapant les fondements même de la langue française (et en rayant d’autres de la carte au passage). Défenseur acharné d’une vision héroïque du langage, Richard Millet dresse ici un dernier inventaire glaçant avant liquidation.