« Nous sommes le 14 Mai 1948, l’État d’Israël vient d’être proclamé, reconnu par les membres de l’ONU, irréfutablement souverain, excepté pour ses voisins égyptiens, libanais, irakiens et syriens.
« Une volonté commune : vivre dans un pays créé pour son peuple, sans devoir remettre en question cet idéal. »
Israël n’est plus un rêve, il est ce havre qui réconforte les âmes meurtries de la Shoah, ce projet fou d’un Juif profondément attaché à la liberté de son peuple.
Israël rêve à sa tranquillité alors qu’autour de lui, ils rêvent à sa capitulation.
La défense s’organise et octroie à cet État voué à l’échec, selon son ex-protectorat, une victoire enviée autant que décriée.
Des hommes et des femmes se battent pour une utopie devenue réalité, un idéal toujours vivant depuis soixante quatre ans.
Cet idéal, Shakin Nir nous le décrit à travers son dernier livre, L’Idéal du kibboutz.
Enfant caché durant la guerre, Shakin Nir part dès 1947 en Israël pour s’installer au kibboutz Neve Ilan et intègre, par la suite, les rangs du Palmach.
Passionné par l’écriture, il écrit dès 1956 son premier livre, Grains du Sud (Éditions de Minuit) dans lequel il dépeint son quotidien.
Dans L’Idéal du kibboutz, il nous ramène aux prémices de l’État, à l’arrivée des premiers immigrés, à l’heure des organisations d’infortune et des gaillards débrouillards qui ne doutaient de rien.
Saül est un homme grand et fort, caché durant la guerre à Chambon sur Lignon, arrivé en Israël dès les premières heures du nouvel État.
Il trace sa vie en respectant les idées du penseur sioniste, celles du vivre ensemble et du partage des biens.
Saül affirme son identité, celle qu’il avait dû mettre de côté durant des années de dissimulation forcée et devient un pilier du kibboutz. Il tisse des liens avec des hommes qui influenceront son chemin, jusqu’à ce qu’il décide de dévier du leur.
Shakin Nir nous raconte la détresse d’un homme qui, perdant son influence au sein de la collectivité, quitte son idéal devenu oppressant.
Les retours dans le passé le long des pages font entrer le lecteur dans la vie des protagonistes et comprendre l’évolution des mentalités, de 1948 à aujourd’hui.
Le livre commence et s’achève sur des regrets ; ceux d’un père qui a touché du bout des doigts son rêve mais obligé de se résigner face aux défis rencontrés et ceux d’un fils ayant peu connu un père dévoué à sa terre.
Nous sommes le 5 Juin 2012, soixante-quatre ans après l’indépendance d’Israël, quarante cinq ans après la guerre des Six Jours, neuf premiers ministres plus tard.
Toujours les mêmes critiques et des attaques de plus en plus tragiques.
Toujours ces mêmes voisins indisposés à accepter l’indépendance de ce petit État.
Toujours des hommes et des femmes qui se battent pour leur pays, pour leur liberté et leur sécurité.
Certes, vivre au kibboutz et mettre en commun les biens ne sont plus les priorités des Israéliens, mais il reste une volonté commune : vivre dans un pays créé pour son peuple, sans devoir remettre en question cet idéal. »