« une véritable politique entée sur l’histoire sainte, charnelle, temporelle eût dit Péguy… »
« …« Lequel d’entre nous n’a senti que le problème juif déborde toujours ses propres données, et nous met en face d’une espèce de mystère ? », écrivait Pierre Boutang dans ses Abeilles de Delphes. C’est la grande question, âprement débattue avec George Steiner dans une dispute au sens médiéval du terme mémorable. Nous retrouvons dans La guerre de six jours, (…) l’exceptionnelle hauteur de vue de Boutang, sa capacité, assez étonnante, de lire, sous le vernis des événements en apparence les plus anodins, une trame métaphysique sur laquelle l’auteur a brodé chacun de ses textes. Israël, petit pays qualifié par l’auteur de « seule création positive répondant à l’horreur infinie » de la Seconde Guerre mondiale (p. 27, l’auteur souligne), est depuis son premier jour d’existence en guerre avec les nations arabes (…)
Cette guerre héroïque d’Israël contre ceux qui furent (et demeurent pour nombre d’entre eux) ses ennemis irréductibles est comprise par le philosophe comme une illustration (…) de l’histoire de la France, puisque « l’homme des vieilles nations chrétiennes d’Europe » (…) a soudain reconnu qu’Israël « renouait avec la même histoire, aliénée ou endormie en lui » (p. 51).
Plus qu’un scandale pour les chrétiens, plus qu’un « signe de contradiction »pour citer Boutang (…), Israël est et doit donc être un aiguillon (…) »
Juan Asensio, Le Stalker, 1er juin 2011