L’Arche interroge Bat Ye’or : « Les recherches historiques sur le statut de dhimmi sont-elles de l’islamophobie ? »

L’Organisation de la conférence islamique contre l’intégration des Musulmans en Europe

 

Un entretien avec l’historienne Bat Ye’or, au sujet de son livre L’Europe et le spectre du califat

L’Organisation de la conférence islamique (OCI), qui fait l’objet de votre dernier ouvrage, n’est pas très connue des Européens.
L’OCI représente l’ensemble des pays musulmans ou à majorité musulmane, soit 56 pays et l’Autorité palestinienne. Il s’agit d’un organisme transnational politico-religieux, proche des Frères Musulmans et de la Ligue islamique mondiale, dont l’objectif est l’unification de l’Oummah universelle et son enracinement dans le Coran et la Sunna. Un organe important dépendant de l’OCI est l’ISESCO (Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture), équivalent islamique de l’Unesco.
Dans une brochure intitulée Stratégie de l’action islamique culturelle en Occident, publiée en 2000, l’OCI expose un plan de réislamisation de toutes les communautés immigrées en Europe. Déplorant l’absence de structures islamiques dans la première génération d’immigrés, l’OCI prévoit le développement d’écoles, d’instituts, d’universités et de diverses structures visant à créer un islam européen.

L’OCI a également inscrit à son programme la lutte contre l’islamophobie, et fait pression sur l’Europe afin que ce délit soit réprimé.
Le concept d’islamophobie est très vague. La critique de certaines pratiques de la charia est-elle de l’islamophobie ? Ne peut-on condamner les lapidations, les exécutions d’apostats, les mutilations corporelles pour vols, le statut stigmatisant de la femme ? Les recherches historiques sur le statut de dhimmi sont-elles de l’islamophobie ?
Les rapports sur l’islamophobie publiés par l’OCI en 2008 et 2009 attribuent aux écoles européennes la responsabilité des échecs scolaires d’élèves musulmans, en raison d’un refus de prendre en considération les cultures d’origine. L’OCI préconise donc un enseignement basé sur les cultures des immigrés, et non pas sur celles des pays d’accueil.

Vous citez Abdelwahab Meddeb, qui appelle à « résister au lobbying que mène [à l’ONU] l’Organisation de la conférence islamique ».

Abdelwahab Meddeb figure parmi les Musulmans qui refusent la tutelle de l’OCl et souhaitent vivre pleinement dans la culture européenne qu’ils ont choisie. Mais la majorité n’a ni la force ni la capacité de s’opposer à une autorité comme celle de l’OCI, disposant de ressources financières colossales rehaussées d’un grand prestige religieux.

Vous soulignez que l’OCI a été créée, en 1969, sur une base d’hostilité à l’État d’Israël [1]
Oui. L’OCI a d’ailleurs déclaré que son siège qui se trouve actuellement à Djeddah, en Arabie Saoudite serait ensuite transféré à AI Qods al-Sharif, c’est-à-dire la Jérusalem islamique.

L’Arche, n°633, février 2011

présentation complète du livre de Bat Ye’or ici^

Voir aussi Michel Gurfinkiel : « Quand un éditeur catholique français publie des livres exceptionnels sur l’islamisme et sur la menace iranienne… »

[1] Note de l’Arche : Suite à une tentative d’incendie de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, par un Australien déséquilibré appartenant à une secte chrétienne. Cet incident avait été faussement attribué à Israël par des extrémistes musulmans.