L’Homme libre, de Joseph Mendelevich. Philippe Mesnard sur Radio Courtoisie : « Un livre qui m’a passionné, intéressé, ému… avec un style qui est vraiment inimitable, qui n’est pas du tout celui d’un militant politique au sens classique du terme : il y a quelque chose de profondément biblique dans la manière dont il raconte… Ce qui est enthousiasmant, quand on lit Joseph Mendelevich, c’est sa façon de tisser en permanence sa propre histoire avec l’histoire du peuple juif et de retrouver dans son cas particulier tous les grands épisodes de l’histoire d’Israël et de cette alliance incroyable entre un Dieu et un peuple (…).
L’aventure de Joseph Mendelevich a profondément changé la manière dont les Juifs ont été traités en URSS (…) car de même qu’il y avait une politique de déchristianisation, il y avait une politique de déjudaïsation et n’importe quelle religion, n’importe quelle appartenance ethnique, identité qui n’était pas purement soviétique était combattue. (…)
“Au cachot l’inaction peut rendre fou… écrit Mendelevich. Quelle chance de connaître la prière par cœur, la prière est un don si précieux. Je la chante, je prononce chaque mot avec délectation, une véritable jouissance physique… Je n’exprime pas seulement la prière par ma bouche, je vis dedans. La prière est pour moi un refuge que je me suis construit au fil des années, j’y rentre et le monde qui m’entoure n’existe plus.”
Ce qui est stupéfiant quand on lit ce récit un peu déconstruit… ce qui est vraiment incroyable c’est l’intensité avec laquelle Joseph Mendelevich parle de la prière et des rites, et l’ingéniosité avec laquelle il essaie de respecter à la lettre même au fin fond du goulag, dans un pays profondément antisémite, dans un système carcéral horrible (…) les formes les plus exactes, en respectant véritablement toutes les prescriptions : pourquoi un tel attachement à la forme la plus scrupuleuse ? (…)
[L’action de Joseph Mendelevich pour obtenir que les Juifs puissent sortir d’Union soviétique a fait de lui un héros en Israël avant même sa sortie du goulag,] l’affirmation du droit à une nation, à une langue est quelque chose qui retentit pour tout le monde et la liberté est la principale leçon que l’on peut tirer de ce livre, une liberté qui est donnée non pas en s’affranchissant de tout mais en se mettant sous la protection divine, et à l’intérieur des formes que le Seigneur propose au peuple juif (…) : à choisir un cadre lui-même porteur de liberté.
Philippe Mesnard, Rédacteur en chef de Politique Magazine.
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