Non sans embarras Michel Onfray déclare dans une vidéo de sept minutes qu’il a postée mercredi sur sa propre chaîne, et qui a été vue 40 000 fois : « Je trouve que c’est un petit peu fort de prétendre que j’ai été… que je suis coupable de… [et il se touche le nez] de plagiat » (michelonfray.com).
• Michel Onfray fait référence à la page wikipedia qui le concerne et qui mentionne un simple article d’« un obscur auteur de Mediapart » (dit-il) publié « sur un obscur site », rendant compte d’une ordonnance du Tribunal judiciaire de Paris (linforme.com).
• C’est l’occasion pour lui de s’en prendre à nouveau, avec un curieux mélange de dédain et d’entêtement, à une petite maison d’édition que «personne ne connaît » (dit-il) et qu’il a déjà attaquée devant les tribunaux par trois procédures consécutives : Les provinciales (« petit Poucet de l’édition » selon Richard Millet).
• J’ai déjà raconté ce différend dans la préface au livre de Pierre Boutang, Précis de Foutriquet, que j’avais dû rédiger moi-même à la va-vite après la défection de Michel Onfray, et c’est ce que celui-ci me reproche apparemment. (Je donne ici un résumé de l’affaire des plus rapide, que j’avais rédigé initialement à la seule attention de son avocat.)
• En première instance le Tribunal des référés – sollicité par Michel Onfray pour exiger la destruction de ce livre et demander des réparations faramineuses sous prétexte que je n’avais pas pu faire autrement que de citer quinze lignes du texte qu’il nous avait écrit – a donc conclut qu’il fallait débouter Michel Onfray « de ses demandes de retrait, de cessation de vente, de destruction, de suppression de la préface litigieuse… » (Ordonnance de référé rendue le 22 février 2023 par Jean-Christophe Gayet, Premier Vice-Président adjoint au Tribunal judiciaire de Paris.)
• Or Michel Onfray continue de prétendre, dans cette vidéo que l’affaire porterait sur l’origine du mot foutriquet que nous attribuerions à Pierre Boutang… Il n’en est rien ! Boutang dans son livre a parfaitement expliqé l’emploi de ce mot ainsi que son précédent communard (cf. extrait).
• D’autre part, dans cette première des procédures que Michel Onfray a lui-même diligentées, le Tribunal n’a accusé personne de « plagiat ». En revanche il a clairement expliqué que « la proximité des titres des ouvrages Foutriquet de M. Onfray et Précis de Foutriquet réédité par Les provinciales, l’identité de la thématique choisie, consacrée à la critique du Président de la République sortant se représentant à l’élection présidentielle, l’imitation de l’intitulé de quatre chapitres (…), la concomitance des dates de parution des deux ouvrages et la circonstance que M. Onfray a reconnu avoir découvert le mot “foutriquet” grâce à Pierre Boutang démontrent qu’il a volontairement et déloyalement tiré profit des investissements des provinciales en vue de la réédition du Précis de Foutriquet. Ces faits caractérisent des actes de parasitisme non sérieusement contestables engageant la responsabilité civile de M. Onfray. »
• Le Tribunal finissait par enjoindre les deux parties à contacter un médiateur, à la suite de quoi Michel Onfray imagine que nous lui aurions proposé « à genou à quatre pattes » (dit-il dans sa vidéo) « un arragement financier ». Cela encore est tout à fait inexact, je lui ai simplement suggéré d’observer l’injonction du Tribunal :
Date: 24 mars 2023 à 12:20:03 UTC+1
À: Michel Onfray
Votre déception devant ce jugement est compréhensible, et en un sens je l’ai éprouvée – mais est-elle bien raisonnable ? Je vous sais gré d’avoir daigné jouer ce jeu avec moi, mais après un an n’êtes-vous pas également lassé des procédures ? Chacune d’entre elles s’accompagne nécessairement d’une demande reconventionnelle de notre part, sans quoi l’historique de notre différend serait tronqué. N’est-il pas temps de mettre un terme à celui-ci, qui n’intéresse personne, et de réserver ses ressources à des sujets plus constructifs ?
Nous ressemblons à ces déracinés qui se précipitent aux urgences parce qu’ils n’ont plus de médecin traitant. Pourquoi ne pas tenter une médiation intellectuelle ?
• Mais cela n’est plus d’actualité, puisque Michel Onfray a fait appel : « J’espère que l’on dira le droit », conclut-il dans sa vidéo, tout en accusant étonnamment le journaliste Clément Fayol, qui rapporte fidèlement une Ordonnance de Tribunal, de donner « des informations mensongères »…
Olivier Véron
Les provinciales
• Pierre Boutang, Précis de Foutriquet [1981], rééd. Lesprovinciales, 2022. |