L’ancien kibboutz
« Saül est un personnage de kibboutz, l’ancien kibboutz, celui qu’il a connu dans sa jeunesse. Celui qui n’existe plus. Celui qui a forgé le sionisme socialiste, peut-être le sionisme lui-même. Celui qu’il a connu dans les premières années de l’État d’Israël, lui le jeune Français, résistant pendant la guerre, venu défendre le lien du sionisme des kibboutz et de la résistance française, à son arrivée en 1947.
Le nouveau kibboutz
Et puis il y a le nouveau kibboutz. Celui que Saül ne verra plus, depuis son suicide au bord de la falaise, par lequel commence le livre de Shakin Nir. Le kibboutz dont il ne reste que quelques bouts aujourd’hui, devenu une entreprise collective d’industrie, de technologie parfois mais surtout de tourisme.
Saül disparaissant, c’est son idéal du kibboutz communautaire qui disparaît avec lui. Celui de tous les essais du socialisme. Original le récit nous fait voyager entre l’ancien kibboutz, les rencontres de Saül racontées par ses amis, et le nouveau kibboutz, la vie aujourd’hui, l’après Saül.
Shakin Nir et le kibboutz
C’est un roman basé sur l’ancien et le nouveau kibboutz que nous conte Shakin Nir. Entre l’ancien monde idéaliste – et idéalisé – et le nouveau, individualiste. Shakin Nir est né à Paris le 3 juin 1929, résistant en France pendant la guerre, à la libération il rejoint le mouvement sioniste Habonim. Il prend la route de la terre d’Israël, lui aussi en 1947 et devient membre du kibboutz Neve Ilan. Pendant la guerre de libération d’Israël, il est intégré au Palmach, une troupe d’élite de la Haganah, la future Tsahal. Après la guerre, il rejoint le mouvement du kibboutz Hameouhad où il devient chargé du lien pour les jeunes immigrants parlant français dans les camps d’immigration. Il travaille en Judée, en Galilée, puis rejoint le kibboutz Tseelim, dans le Néguev. En 1956 il écrit Grains du sud (Éditions de Minuit), son premier livre, en français. Le kibboutz a marqué sa vie, il le raconte dans son second livre, en français, bien que ce livre, L’Idéal du kibboutz, ait été publié d’abord dans une traduction en hébreu pour laquelle il a reçu le prix Amos. »
Misha Uzan, CitizenKane