« Plus qu’un roman, L’An dernier à Jérusalem est aussi un plaidoyer, et presque, un livre d’histoire. « Nous gagnerons toutes les guerres, sauf la dernière », disait Ben Gourion ; Myriam Sâr, la narratrice, une jeune Israélienne de trente ans, raconte cette dernière guerre, celle qui a débutée avant la création de l’État d’Israël, et elle la fait commencer à Deir Yassine, s’accentuer en 1967, mais son origine remonte peut-être aux débuts d’Israël (l’ancien) : la guerre de l’information.(…)
Myriam Sâr raconte, explique, romance comment Israël a perdu cette guerre et comment, c’est là l’originalité suprême du livre, l’État d’Israël met fin à ses jours. Indirectement, elle démonte certains mythes des détracteurs d’Israël : « l’affaire Deir Yassine » ― la première où les Juifs ont pensé, à tort nous dit-elle, qu’il n’était pas nécessaire de répondre systématiquement aux accusations tronquées et amplifiées de leurs ennemis ―, ou encore la « Nouvelle Histoire », où des historiens israéliens ont réécrit l’histoire nationale avec une passion, des accusations et une arrogance qui sortaient du cadre de l’historiographie. Poétiquement aussi, elle expose les dernières étapes d’un État qui met les clés sous la porte.
On en parle souvent au café, Myriam Sâr en a fait un roman. C’est par son thème que le livre captive : la fin de l’État d’Israël (…) Myriam Sâr fait aussi entrer son lecteur dans la complexité israélienne, dans l’ambivalence des sentiments des Israéliens, les interrogations d’une jeunesse qui « ne voulait plus mourir pour un pays [qu’on dit] marqué au fer de l’infamie ». (…) Avec une narration qui ne colle pas aux personnages et à leurs sentiments mais qui les englobe dans le tout, en revient chaque fois au général, le lecteur est parfois un peu perdu, ne parvient pas à s’attacher aux caractères des personnages, c’est le défaut. (…) Mais même les antisionistes, les viscéralement hostiles à l’État d’Israël, ceux qui crachent sur lui dans les forums, les blogs et les manifestations, devraient lire ce livre. Pour savourer (follement et hypothétiquement) leur victoire, mais aussi pour prendre acte de l’absurdité de leur quête, de leur obsession. Et peut-être, par moments, pour s’attrister avec nous, pour penser un peu et ― pourquoi pas ― pleurer. Ils comprendraient peut-être aussi qu’ils ne connaissent pas Israël. » (…)
Misha Uzan, texte complet publié sur un-echo-israel.net et mishauzan.com