« Oublié, le récit de la sortie d’Égypte. À venir, celui du retour en diaspora[…] « L’an dernier, nous étions à Jérusalem » […] Ils avaient été à Jérusalem et une nouvelle fois ils en avaient été chassés. » Il faut toute la lucidité et le courage d’une femme – admirable lucidité et périlleux courage – pour réveiller ainsi les accents de la pythonisse d’Endor, et nous raconter, récit et conjuration ensemble, cet après, l’ordre donné aux Israéliens d’abandonner leur territoire : « Israël redeviendra le mythe qu’il n’avait cessé d’être et Jérusalem, une province des songes, un ossuaire perdu dans un lambeau d’azur, abandonné à qui voudra […] ». Des songes, car c’est bien là que le combat doit être repris, et gagné, dans cette « hypnogonie » ou combat de rêves : « Ce qui a eu lieu ne saurait devenir non lieu. Les paroles jetées au vent, le vent les rapportera », comme celles-ci, pour aider à la « paix du songe […] contre l’atroce combat des mémoires et des mots, qui calcine nos vies ».
Philippe Barthelet, Valeurs actuelles n°3960 du 18 octobre 2012.
• Myriam Sâr/Sarah Vajda, L’An dernier à Jérusalem, 160 pages, 16 €