Ancien membre du comité de lecture de Gallimard, le romancier Richard Millet est le septième « invité » de la collection « Israël et la France » de la maison d’édition Les Provinciales. Cette série de petits livres milite pour maintenir le dialogue intellectuel et politique entre les deux nations malgré la forte hostilité de la gauche intellectuelle radicale à l’état juif dans notre pays. « Israël demeure pour moi le pays d’en face, et Beaufort la citadelle intérieure d’où je le contemple », explique l’auteur. La forteresse de Beaufort est une ruine croisée du Liban qui domine de ses 700 mètres d’altitude la plaine de la Bekaa et la Galilée. Autant dire que c’est d’un regard franc et chrétien qu’use Richard Millet.
On le savait amoureux du Liban, où il a, en partie, grandi ; on découvre, ici, son intimité d’admirateur d’Israël. Il n’oppose pas ce dernier à ses voisins : « Nul n’aime autant que moi la langue arabe, les gens, les paysages du Proche- Orient : ils me parlent de mon enfance et se confondent avec elle au point que j’y vois une autre part de mon origine. » Il célèbre juste, depuis Beaufort, la possibilité d’un dialogue essentiel entre deux nations historiques, sans les déifier, mais en s’en remettant à « la dimension spirituelle de la France, celle qui a dressé sur le porche de Notre-Dame de Paris les vingt-quatre rois de Judée, là où la France rencontre et célèbre Israël ». On méditera ce texte beau et profond à la fois.
Pierre Besnainou, France Forum n°59, octobre 2015.