Pierre Cormary, Soleil et croix : « Il s’agit de comprendre Chaufour mieux que lui-même… »

« Je ne puis approuver que ceux qui cherchent en gémissant, écrivait Pascal. Rarement pensée n’aura autant convenue à cet essai très curieux et sans doute très personnel de Ghislain Chaufour – qui nous prévient d’emblée qu’il « parle en son nom, [se] choisit ses autorités » et que « les thèses ici réprouvées réprouvent en retour leur réprobation ». Et en effet, touffue, mal foutue, saturée de citations trop longues, de digressions bizarres, de raccourcis outranciers, d’apories mortifiantes, de notes en bas de page qui en plombent la lecture et en même temps l’éclairent – et comme si l’essentiel se jouait, sinon se résolvait là, en bas, dans l’infrapaginal*, le résiduel, la cendre, la grâce s’inscrivant malgré tout dans l’infernus, le salut dans le subsistant, cette Théologie en défrisera plus d’un. (…)
En même temps, difficile d’être insensible au caractère expérimental de l’entreprise, à la verve de l’auteur, magnifique dans son usage de mots rares et charmants (d’ailleurs expliqués en bas de pages), à l’authenticité absolue de sa quête, osant s’aventurer, à l’instar d’un Marcel Jouhandeau dans Algèbre des valeurs morales ou d’un Georges Bataille dans L’Expérience intérieure, dans le pire, l’impensable, l’impensé – en l’occurrence, la question insoutenable, jamais réellement explorée, non pas tant celle du mal, tarte à la crème du christianisme gothique et du romantisme noir mais celle, autrement plus retorse, obscène, cruciante, de la punition du mal. (…) »

Pierre Cormary, Soleil et croix.

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