À la fin du mois de mai 1967, Pierre Boutang ne dissimule pas son angoisse, « à l’avance du dégoût », aux rédacteurs de l’hebdomadaire royaliste la Nation française qu’il a l’habitude de réunir dans un café de la rue Cadet à Paris. L’Égypte a obtenu le départ des Casques bleus de l’ONU du Sinaï, où ils étaient stationnés depuis 1957, et a mis en place un blocus du canal de Suez qui menace directement la liberté et la sécurité d’Israël. Le philosophe parle d’angoisse car le retour du peuple juif sur la terre de ses ancêtres en 1948 – « un phénomène extraordinaire, rebelle aux lois de la démocratie et à l’esprit du temps », selon le philosophe – est fermement refusé à Téhéran, au Caire et à Mogadiscio. Chacun sait que la destruction d’Israël est un projet fondamental du panarabisme inspiré par le président égyptien Gamal Abdel Nasser depuis la nationalisation du canal de Suez en 1956 (… Suite ici)