Pierre Boutang (1916-1998), philosophe, théoricien politique et romancier, avait fondé en 1955 un hebdomadaire, La Nation Française, qu’il dirigea jusqu’en 1967 ; chaque semaine, il y publiait une chronique « Politiques »· Du 25 mai au 6 juillet 1967, c’est-à-dire au cours même de la crise puis de la guerre qu’on dit « des Six Jours », il a proposé à ses lecteurs des réflexions écrites à chaud sur les événements, les inscrivant dans une perspective globale.
Partant, le 25 mai 1967, d’une analyse de la précédente Guerre de Suez et de ses résultats ambigus pour Israël, et insistant sur le fait qu’Israël est un signe de contradiction (c’est le titre de l’article) pour les différents acteurs en conflit, il explique, le 1er juin, pourquoi, selon lui, ce qui se passe alors au Proche-Orient est un test pour les Grandes Puissances et la preuve de l’échec de l’Europe. Il poursuit, le 8 juin, dans un article titré « Israël et la « Nation arabe » » par l’examen des conséquences du « cessez-le-feu » imposé par le Conseil de sécurité et ce qu’il considère comme une démission de l’Occident, des États-Unis en tête, mais aussi de la France ; cela le conduit, le 15 juin, dans l’article suivant, à s’interroger sur « Ce que la guerre a résolu » – en fait, rien ! Et le 22 juin, sur « La Nation exemplaire », développant l’idée que la guerre engagée par Israël le 5 juin était une « guerre juste », malgré les jugements portés par les uns et par les autres, en particulier De Gaulle dans sa désignation de « l’agresseur ». D’où le dernier article, publié le 6 juillet, sur « lsraël et la France » où il discute de l’inadmissibilité de l’acquisition de territoire par la force en regard de l’impuissance de la communauté internationale, du fait même de sa division, à proposer – et imposer – une solution satisfaisante au conflit.
On remerciera Olivier Véron, responsable des éditions Les provinciales, et Michaël Bar-Zvi, philosophe, ancien élève de Pierre Boutang, qui signe la postface : « Le septième jour », de proposer aujourd’hui ces textes toujours actuels, et ô combien pertinents.