À quoi sert de gagner le monde

Une vie de saint François Xavier

par Fabrice Hadjadj

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120 pages, 12 €


« Approche, Antoine, que je te regarde,
Que je puisse contempler à loisir ton visage.
Encore une icône de vous, mon Dieu, plus belle que toutes celles faites de main d’homme,
Encore un livre vivant, plus grand que tous ceux que nous pourrions écrire,
Encore un visage comme le visage de ma mère pleurant sur les ruines de notre château de Xavier,
Un visage comme le visage de mon Père Ignace pleurant sur les ruines du château de moi-même,
Un visage comme tous ces visages, celui du médecin Cosme, de mon Paravers Rafael, d’Anjiro, de Ninxit et tous les autres jusqu’à celui-ci également incomparable, également sans égal,
Autant de proues de votre mystère, ces visages par lesquels vous venez à moi, mon Dieu, avec cette route que vous glissez sous ma foulée,
Avec les pavés de Paris et les prairies de Montmartre,
Avec les canaux de Venise et les lagons de l’île du More,
Avec les rues de Rome, les déserts du Cap Comorin, les neiges devant Miyako,
C’est vous qui venez à moi, mon Dieu,
Et maintenant cette brise qui me souffle de la Chine et de plus loin encore, c’est vous, mon Dieu, qui venez à moi.
Car je sais à présent. Je sais et les gens qui parleront beaucoup ne sauront pas.
Ils croiront que je partais gagner le monde alors que c’est vous qui partiez gagner mon âme,
Ils croiront que j’allais porter le Christ aux Chinois alors que c’est vous, vous avant tout, qui le portiez à moi à travers eux,
Et c’était à moi d’entrer d’abord par la porte du prochain, pour que nous sortions ensemble par la porte de Dieu, par votre porte.
Y ai-je réussi ?
Votre serviteur inutile a-t-il réussi ?
Ce n’est pas moi qui moissonnerai. Ce n’est pas moi qui me présenterai les bras chargés de gerbes. Je suis le mendiant aveugle au bord du chemin
Et je te tends deux mains qui caressent le vent, deux mains plus que vides, car je sais que ces mains qui demandent c’est déjà toi qui me les donnes.
Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! »


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« Ce que j’avais tant aimé chez Claudel jeune : la foi, la violence et ce style incomparable ; la forme qui colle à l’idée, se modèle sur le sentiment… »

Marie-Claire Boutang