Les châteaux de glace de Dominique de Roux
par Rémi Soulié
96 pages, 12 €
Soulié qui a déjà soutenu une thèse sensible sur le cas d’Aragon est un auteur dangereux. Ce n’est pas seulement ce regard généreux à l’excès qu’il porte sur Dominique de Roux, un aventurier de l’esprit ; ce n’est pas cette véhémence avec laquelle il re-clame la parole prophétique de cet aveugle voyant et dardant de brûlants éclats de phrases le fracas du « Wall Street planétaire » (formule vieille de trente ans) – mais il refuse sans vergogne d’en avoir fini avec l’Histoire, et même : il souhaite qu’elle recommence, il en prend le risque flagrant, ne craint pas d’en laisser reparaître les douleurs ineffables. « l’Histoire n’a pas bougé d’un iota ». L’angoisse ne le paralyse pas, lui, ce débonnaire, ni la peur de se tacher, il préfère les mains sales : « J’aurais été de tous les totalitarismes et je préviens, je serai du prochain ». Contre la fameuse pensée bourgeoise, soucieuse de publicité, qui sait si bien fabriquer les grands événements calamiteux des derniers temps, il est de toutes les erreurs : « Je ne crois plus qu’aux maquis ».
Comment ose-t-il ? Et sait-il bien ce qu’il dit ? L’enfant énonce ses vérités car l’enfance juge le monde – ensuite elle en subit les lois du berceau à la mort ! Si l’on ose ici les proclamer, c’est que, la force venue, la mémoire n’a pas trahi la maison de l’enfance, ce rêve où la vie commença, et qu’il faut le défendre, ce château de toutes les enfances, au nom de ceux qui ne l’ont jamais eu.
Né en 1968 à Decazeville, Docteur en littérature française, Rémi Soulié est aussi l’auteur de Péguy de combat, Les provinciales, 2007.
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« En rendant hommage à Dominique de Roux, sur le ton enflammé d’un enthousiasme quasi éperdu, Rémi Soulié harangue la mémoire d’un réfractaire absolu pour mieux s’en remettre à elle et ainsi, fidèle à l’instinct de sa révolte comme à la tendresse de son rêve, garantir la continuité de la chaîne d’union… Quelle splendeur lyrique ! L’orage gronde ; c’est le tonnerre de Dieu sur la terre des hommes, avec les éclairs de l’intuition oraculaire… Ne pas être sensible à cette beauté et à son envoûtement, c’est une infirmité inguérissable qui empêchera à jamais de retrouver l’enfance des mots, d’atteindre sans être adulte à l’âge d’homme de la littérature, de rejoindre le maquis des émigrés de l’intérieur. »
Pol Vandromme
Le Nouveau Courrier
« Un opuscule bref et dense : à la lueur de Bloy, de Heidegger, de Chateaubriand, Soulié plonge dans une spirale… illuminée de fulgurances qui doivent autant à l’œuvre de de Roux qu’au propre talent de l’essayiste. »
Nicolas d’Estienne d’Orves
Le Figaro littéraire