La Louve de Kharkov
par Jean Louis Bachelet
190 pages, 18 €
La guerre déclenchée le 24 Février 2022 en Ukraine porte le nom d’« opération spéciale » en Russie. Elle est l’aboutissement malheureux de huit ans de conflit linguistique et militaire entre le régime de Kiev et le Donbass, au cours duquel plus de quatorze mille personnes ont été tuées et un million et demi déplacées. Pendant la période soviétique, la famine déclenchée par la dékoulakisation lors de l’hiver 1933-1934 eut pour effet d’exacerber le sentiment national ukrainien : les principaux leaders décidés à se libérer du giron soviétique s’étaient alors jetés dans les bras de l’Allemagne nazie. Les conséquences pour le pays ont été funestes : lors de la révolution du Maïdan en 2014, la plupart des mouvements indépendantistes étaient marqués du sceau de l’idéologie nazie. Poussés sans discernement par les États-Unis pour la prise en main de l’Ukraine, ces mouvements se sont infiltrés dans tout le pays de manière indissoluble, multipliant les exactions dans le Donbass, et les légitimant avec des arguments directement issus de la rhétorique du IIIe Reich. À l’inverse, les populations de cette région, mêlées au fil des décennies à celles des grandes villes de la Russie voisine, ne pouvaient qu’affirmer leur attachement à Moscou.
Ce roman rigoureusement fondé sur une mosaïque d’histoires vraies éclaire la tragédie d’une famille déchirée comme tant d’autres par les forces et les idéologies en conflit. Ses personnages, modernes et déglingués, sont des êtres dépossédés par la guerre et la décréation nationale. Leur fatalisme et parfois leur lâcheté illustrent la puissance insondable de cette vie intérieure que notre civilisation dénie cruellement aux Européens d’aujourd’hui. Privés des conditions qui permettraient de traduire leurs sentiments dans la réalité, ils demeurent nécessairement tus. C’est en cela que l’Ukraine révèle une destinée européenne.
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Admirateur de Soljénitsyne, écrivain et dramaturge, Jean-Louis Bachelet est expert à l’Institut Franco-Russe de l’université Polytechnique de Novorcherkassk, en Russie. Après avoir publié de nombreux ouvrages sur l’histoire de France et le christianisme (notamment Sang Royal, 2015), il travaille depuis une dizaine années sur les conflits de la Russie contemporaine et suit de très près la situation dans le Donbass. Son roman Noces Tchétchènes, vie et mort d’une kamikaze (2018) porte sur l’attentat de 2013 à la gare de Volgograd. Il a reçu le prix du salon du livre des Balkans et est en cours de traduction en Russie. La Louve de Kharkov est son deuxième roman historique.
Presse
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« Jusqu’au XVIIe siècle, la littérature russe ignore le roman et la nouvelle, c’est-à-dire les œuvres d’imagination ou de fiction. Elle ne traite que des matériels documentaires, vérifiés et fondés sur des faits. Et même si ces matériels ne s’avèrent en réalité ni authentiques ni fiables (s’ils retracent des légendes, par exemple), la littérature écrite leur donne l’apparence d’un document exact et solidement étayé… Ce sont donc les genres documentaires qui dominent dans la littérature ancienne. »
André Siniavski
Ivan le Simple
« S’inspirant de faits réels, Jean-Louis Bachelet expose remarquablement les ressorts intimes des deux camps, qu’il s’agisse des zones d’ombre d’un certain nationalisme ukrainien, cultivant une nostalgie plus que malsaine de l’Allemagne nazie, ou bien d’un fatalisme russe bien palpable chez leurs adversaires. Ce roman agacera peut-être certains partisans, mais il demeure la transcription littéraire sincère d’un vécu douloureux. »
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Omerta
« Ce qui se passe dans la région du Donetsk n’est pas très loin de ce qu’il s’est passé le 7 octobre … »
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